Avec un look se réclamant « mainstream » et un pricing qui le positionne en milieu de gamme (légèrement inférieur à 300€), nous avons souhaité confronter le Hifiman HM-700 à un redoutable adversaire de la même tranche tarifaire : le iBasso DX50.
Nous vous l’avions annoncé il y a quelques temps, le dernier né de chez Hifiman nous est finalement parvenu, peu après son grand frère dont les qualités musicales ont confirmé la grande classe de Hifiman dans les DAP haut de gamme. Sans plus tarder voici un comparatif éclair des deux concurrents, histoire de voir lequel glisser sous le sapinou cet hiver.
1. Qualité de fabrication
Côté Look, le Hifiman HM-700 tranche avec les habitudes de la maison. Le Dr Fang essaie là d’apporter une touche de design dans ses produits, sans que l’on n’arrive à savoir si le résultat est convaincant ou non. Avec une ceinture de bouton dorés, qui ressemble au premier abord à une charnière permettant de le replier en deux, le HM-700 surprend assurément. Un pad de navigation étrangement vierge finit d’étonner, et nous propulse dans une épuration du design digne des meilleurs films d’anticipations… au prix de la fonctionnalité.
Côté qualité de fabrication, le HM-700 fait encore relativement « cheap » et n’est pas sans rappeler certains designs industriels que nous avons pu connaitre il y a quelques temps. C’est rageant, car il y a de l’idée, mais les matériaux font décidément trop peu soignés, et le tout ne parvient pas à dégager une impression de durabilité suffisante pour le prix proposé. Mention spéciale aux « clics » issus du pavé tactile qui sonnent bon le SAV au bout d’un an.
Autre exemple, l’épaisseur exagérée du verre recouvrant l’écran. Il ne restera à mettre au bénéfice du Hifiman que sa taille largement plus restreinte que son adversaire.
Le iBasso DX50 écrase son concurrent sans l’ombre d’une hésitation sur ce volet. Sa robe métallique, usinée avec soin, vient apporter une vraie réassurance sur la qualité du produit et dégage un sentiment de solidité à toute épreuve. Dans le même registre, l’écran plus spacieux du DX50 achève de creuser la tombe du Hifiman. Enfin, les boutons de contrôle, bien fonctionnels, permettent un usage rationnel et intuitif.
Plus lourd et plus grand que son adversaire le DX50 demeure toutefois largement transportable, et se pose comme une référence en matière de qualité de fabrication dans sa gamme tarifaire.
2. Interface et fonctionnalités
Du côté du Hifiman HM700, la fiche constructeur stipule les éléments suivants :
- Ecran LCD couleur : 2″
- Format supportés : Wav (24bit, 44.1/ 48khz), MP3, APE, FLAC (16bit)
- DAC : Sigmatel 3770
- Opamp : AD8032 x 2 et AD8534 x 2
- Affichage des jaquettes d’album
- Puissance de sortie max : 50 mW (1.35V@ 36 ohm)
- Sortie symétrique sur jack 3.5 TRRS 4 pôles (compatible RE-600)
- Interface simplifiée : flèches de direction et 3 boutons de contrôle (gauche et droite variation de volume)
- Format Audio supportés : WAV, MP3, FLAC, APE, Apple Lossless
- Egaliseurs : pop, rock, jazz, classique, musique instrumentale, vocale
- Mémoire intégrée : 32 go
- Dimensions : 105 x 49 x 12 mm
- Durée de vie batterie : approx 15 heures
- Livré avec une version spéciale de RE-400 symétrique (RE-400 B)
- Livré avec un brassard de transport
- Connecteur Micro-USB
Le iBasso DX50 dispose lui des fonctions suivantes :
- DAC Wolfson 8740
- Lecture des fichiers 24B/192k en bitperfect
- DAC 24 bits WM8740
- Ampli casque 9V intégré
- Ecran tactile capacitif 2.31″ (320*240)
- Sortie coaxiale 24/192
- Sortie casque et line out 3.5mm
- Trois boutons physiques (retour rapide, lecture/pause, avance rapide)
- Contrôle digital du volume sur 256 pas
- 8gb de mémoire intégré
- Support des cartes micro-SDHC et SDXC
- 3 niveaux de gain
- Lecture des fichiers FLAC, APE, WAC, WMA, AAC, ALAC, OGG, MP3
- Impédance de sortie inférieure à 0.5 ohms
- Batterie remplaçable
- Jusqu’à 10h d’autonomie
- Dimensions: 64*100*16.9(mm)
- Poids: 150g
Que retenir en synthèse ?
A l’usage il faudra retenir que l’interface du DX50 est très réussie, et surtout exempte de ralentissements (pour les batchs de production les plus récents, et une fois les updates logicielles réalisées). Tout est bien intuitif et la prise en main est quasi-instantanée.
A l’inverse, la courbe d’apprentissage de la prétendue « interface simplifiée » du HM-700 est nettement plus longue, voire franchement pénible. Je ne rentrerai pas dans le détail : de nombreux tests plus complets sur cette partie sont disponibles sur le net.
L’absence de ports pour carte mémoire sur le Hifiman HM-700 est pour un moi un show stopper. Surtout à l’heure où les SDXC nous amènent des capacités de stockage formidables, qui rendent les mémoires embarquées de nos chers DAP ou téléphones assez risibles. iBasso l’a bien compris et ne commet pas la même erreur sur son DAP qui gère SDHC et SDXC.
La sortie numérique coaxiale du iBasso DX50 est un vrai « plus » pour les utilisateurs à l’usage hybride (sédentaire et nomade), et transformera votre DAP en une source d’appoint lorsque le besoin s’en fera sentir. A défaut d’être une fonctionnalité nécessaire, on regrette souvent sa présence quand on en a besoin, et on apprécie ici de la trouver sur un produit tarifé avec mesure.
Côtés compatibilités en format audio, le modèle d’iBasso est capable de lire une très grande variété de fichiers dont le fameux Apple lossless (ALAC), par rapport au HM-700 qui ne gère lui que le WAV, le MP3, l’APE et le FLAC.
C’est seulement sur l’autonomie que le Hifiman HM-700 l’emporte avec 15h au compteur, là ou le iBasso DX50 n’affiche qu’un modeste 10h, qui nécessitera probablement plusieurs rechargements par semaine pour les audiophiles acharnés.
3. Les performances audio
NB : Les tests ont été réalisés avec des Earsonics EM6, EM2, RE600 « symétrique » et un Grado SR325i, des fichiers FLAC sur une carte SDHC de 64 go.
Certains comparatifs sont très faciles à réaliser tant la différence est flagrante entre deux matériels. Et pour peu que vous soyez relativement libres dans vos écrits, ce à quoi nous sommes particulièrement attachés chez TupperWav, la conclusion ne posera pas franchement de soucis.
C’est ici le cas puisque je tiens à briser le suspens sans la moindre forme de scrupule : le iBasso DX50 est d’un niveau de performance écrasant sans problème notre sympathique Hifiman, complètement lâché dans tous les compartiments du jeu.
Commençons par évoquer la signature. La marque Hifiman nous offre comme à son habitude une écoute plutôt chaleureuse, avec un bas de spectre assez chargé, et des bas medium malheureusement insuffisamment maîtrisés. A l’inverse, le DX50 est d’une formidable neutralité qui ne sonne toutefois pas « flat » pour un sou. La signature n’est ni froide ni chaude, et toutes les composantes du spectre sont bien représentées. Un modèle en son genre.
Du côté de la justesse des timbres, Hifiman offre une performance décevante dans le haut médium, avec un effet « plastique » sur certaines textures qui ne sont pas vraiment plaisantes à l’écoute. Mention spéciale à nos amis batteurs qui devraient avoir bien du mal à reconnaître leur instrument interprété par le HM700. A l’opposé, le iBasso DX50 est d’une justesse remarquable, évitant le côté métallique des DAP trop analytiques, et le côté excessif des DAC « fun ». Par son naturel, il achèvera de vous donner le sourire sur vos plus belles pièces acoustiques, comme si vous y étiez.
En terme de rapidité de restitution du message, le DX50 caracole en tête avec une avance effarante. Il se joue des césures avec élégance et autorité (à ce niveau on peut parler de despotisme). Bien à la peine en bas de spectre et baveux sur le bas médium, le HM700 sonne pataud à la comparaison, et poussif. Vraiment poussif.
Puis, lorsqu’il s’agit de récréer les espaces sonores, le iBasso DX50 passe définitivement la vitesse lumière. Spacieux, étagé, d’un naturel scandaleux à ce niveau de prix, le iBasso dresse une scène musicale digne des plus grands, qui lui confère une capacité d’immersion de l’auditeur largement au niveau des tous meilleurs DAP (tous niveaux de prix confondus). Face à cela, revenir sur le Hifiman est immensément décevant, un peu comme ce sentiment amer dans le cœur d’un parisien qui reviendrait d’un week-end dans la villa de ses amis en Province. On fait ce qu’on peut niveau métaphores, mais au moins ça devrait parler à nombre d’entre vous.
Côté détails et niveau de résolution, la conclusion ne devrait pas choquer outre mesure : la puce Sigmatel 3770 du Hifiman HM700 est malheureusement incapable de faire illusion face à la Wolfson 8740 du iBasso DX50. Ce dernier extrait notablement plus de matière des enregistrements qu’il interprète, et démontre une capacité de remplissage des silences par des bruits « imperceptibles » mais présents lors des enregistrements. Une fois appairé avec des IEM haut de gamme, c’est un met de choix. J’ai peine à évoquer le HM700 suite à ce panégyrique. Disons simplement, pour ne pas l’enfoncer toalement, qu’il est à la hauteur de la horde de concurrents que l’on retrouve dans la tranche des 200€.
Enfin, et pour décidément ne laisser aucune chance à Hifiman dans cette confrontation, le HM700 n’a pas un fond complètement blanc, et traîne un bruit qui finit par devenir sinon exaspérant, franchement ennuyeux.
4. Conclusion
Que conclure de cette rencontre qui tourne court ? Plusieurs choses en fait.
En premier lieu, plus qu’une contre-performance du HM700, nous avons affaire à une méta-performance du iBasso DX50, encore inconnue à ce niveau de prix. Le DAP rivalise sans problèmes avec des références tarifées 3 à 4 fois plus cher, et ne souffre d’aucun défaut majeur (si l’on exclut une autonomie « juste » avec ses 9-10h de fonctionnement). A l’évidence ce choix est à considérer avec insistante pour tout audiophile sérieux doté d’écouteurs capables d’exploiter la richesse que procurera le DX50 : justesse des timbres, contraste et dynamisme, qualité de la scène sonore, rapidité… la liste n’en finit plus.
En second lieu, il faut bien reconnaître toutefois que le produit Hifiman HM700 n’est pas une réussite extraordinaire. Douteux en design, handicapé par une UI sommaire et son absence de SD Card, d’une performance moyenne en son, le petit DAP ne nous aura pas convaincu du tout à la rédaction. C’est une copie à revoir.
Enfin et ce qui me concerne, le iBasso DX50 est bien pour moi le meilleur DAP qu’il m’ait été donné de tester à ce jour, par son rapport qualité/prix hallucinant, et par son niveau de performance qui frise de très (très) près les plus grands. D’ailleurs je vous laisse, je m’en vais m’en glisser un sous le sapin.
Merci à David de chez Audiophonics pour le prêt du HM-700, et à Sylvain pour le prêt du DX50
… et quelques photos comparatives pour la route
de gauche à droite : HM-700, HM-901, iRiver ak100, iBasso DX50, Hisound audio Studio V
de gauche à droite : iBasso DX50, HM-700 vue de dessous
de gauche à droite : iBasso DX50, HM-700 vue plongeante