Chambardement !
Le temps est bien loin oů Louis gallois alors président d’EADS voulait que le groupe affiche des activités commerciales et de défense équilibrées. Son successeur, Thomas Enders, vient de faire sinon une volteface, pour le moins un recentrage des ambitions du groupe. Tout d’abord, si l’on se réfčre aux déclarations du directeur de la stratégie d’EADS Marwan Lahoud, il renonce ŕ capter une part plus importante du marché américain de la défense pour laquelle tant d’efforts avaient été faits, notamment pour remporter, puis perdre ŕ cause de l’opposition du Congrčs, le contrat des ravitailleurs en proposant l’A330 baptisé pour l’occasion KC-45 et pour lequel une ligne d’assemblage final aux Etats-Unis faisait partie du deal. Malgré les succčs rencontrés par Eurocopter, qui prendra le nom d’Airbus Helicopters au 1er janvier prochain, l’hélicoptériste avait renoncé ŕ répondre ŕ l’appel d’offre pour le futur hélicoptčre présidentiel.
Si nous devions résumer de maničre un peu triviale, les dirigeants qui se sont vu infliger un camouflé lors de l’échec du rachat du groupe britannique BAE Systems, ce qui lui aurait ouvert les portes du marché américain de la défense, trouvent que dorénavant le jeu n’en vaut pas la chandelle. Et d’insister que les efforts seront mis –au moins pour le proche avenir- sur les activités commerciales alors que les activités de défense et espace vont ętre réunies au sein d’une męme division Airbus Defense & Space (DS). Avec ŕ la clé une réduction d’effectifs de quelque 5 800 personnes afin d’améliorer la performance du groupe. On ne peut d’ailleurs s’empęcher de faire une comparaison avec ce qu’avait fait Boeing dans les années 1990 en fusionnant ses activités spatiales (alors en grande difficultés) et de défense.
Toujours est-il que la transformation d’EADS en Airbus et la création d’Airbus DS va passer par une réorganisation du groupe, en Europe mais aussi aux Etats-Unis, celle-ci devant ętre annoncée prochainement a confié Marwan Lahoud ŕ nos confrčres de La Tribune.
A quelques années de différence, on s’aperçoit que les remčdes sont quasiment les męmes des deux côtés de l’Atlantique. Alors qu’en France on voit poindre des inquiétudes concernant les activités ingénierie avec la raréfaction des nouveaux programmes qui affecte doucement les activités commerciales (l’avionneur toulousain ne semble pas pręt ŕ lancer le successeur de l’A320 tellement il surfe sur la vague de l’A320neo), son concurrent Boeing annonce de son côté une large réorganisation de ses activités de recherche et développement qui se répartiront entre cinq sites dans les Etats de l’Alabama, Californie, Caroline du Sud, Missouri, et de Washington. Des centres qui seront dédiés mais qui concerneront aussi bien les activités commerciales et de défense du groupe, mais qui passent par la réduction de 800 ŕ 1 200 personnes dans l’Etat de Washington, région historique de Boeing Commercial Airplanes.
Et que fait EADS pendant ce temps ? Dans la foulée de sa réorganisation, du transfert de son sičge social de Paris-Montmorency vers Toulouse et de la réunion de ses activités de défense et spatiales, il cherche ŕ optimiser son capital immobilier en cédant son sičge parisien de Montmorency et en redéployant ses fonctions ŕ Suresnes, qui abrite déjŕ le personnel du Corporate Technical Office et d’Innovation Works. Toutes les activités Divisionnaires basées ŕ Suresnes, y compris le personnel, seront transférées ŕ Elancourt ou aux Mureaux, dans le cadre de la future organisation d’Airbus DS. Les deux sites franciliens - Les Mureaux et Elancourt - deviendront les pôles Défense et Espace du Groupe. En Allemagne, c’est le site de Unterschleissheim qui est sacrifié au profit d’Ottobrunn tandis que de nouvelles affectations seront confiées ŕ Bręme qui deviendra un site d’Airbus DS. En outre, les unités espagnoles de San Severo et Castellena seront transférées ŕ Getafe, tandis qu’au Royaume-Uni, toutes les activités vont ętre concentrées sur trois sites : Stevenage, Portsmouth et Newport.
Il semble bien toutefois que ce grand chambardement n’est que le début d’un plan de réorganisation qui vise ŕ asseoir progressivement la rentabilité du groupe aux alentours de 10 % alors que pour l’instant elle n’est que d’environ 6 %. Alors on peut s’attendre ŕ voir déserter les groupes des beaux quartiers ou de leurs sites historiques au profit de zones en voie de réhabilitation telle que celle de Dugny prčs du Bourget oů l’usine de pales d’Eurocopter de la Courneuve va ętre déménagée … avec une possibilité d’y retrouver les activités de recherche d’EADS IW aujourd’hui ŕ Suresnes.
Nicole B.