Dépenses sociales : la France championne du monde
Publié Par Yann Henry, le 18 décembre 2013 dans SocialLes dépenses publiques sociales françaises sont aujourd’hui les plus élevées de l’OCDE. Et l’écart ne cesse de se creuser avec les autres pays.
Par Yann Henry.
Source : OCDE
Les lignes bleutées correspondent aux membres de la zone euro.
(*) Quand les données 2013 n’étaient pas disponibles, la valeur pour la dernière année connue a été renseignée.
La France est assez nettement en tête de ce classement (2,2 points de plus que le second, le Danemark). Celui-ci est globalement « dominé » par les membres de la zone euro. Cette dernière est d’ailleurs classée en 1ère place depuis 1999, à l’exception de 2003 où elle fut seconde, juste derrière la Suède.
Source : OCDE
Remarque : les données pour le Japon s’arrêtent à 2009.
Comme on le voit, si les dépenses publiques sociales ont augmenté dans tous les pays, elles l’ont fait de manière particulièrement régulière en France ces 50 dernières années. Alors que les dépenses publiques sociales allemandes étaient plus élevées qu’en France jusqu’au début des années 1980, la situation s’est ensuite inversée grâce à leur stabilisation (mise à part la période succédant à la chute du mur de Berlin).
Non seulement les dépenses publiques sociales françaises sont aujourd’hui les plus élevées, mais l’écart ne cesse de se creuser avec les autres pays. Ainsi, les écarts de dépenses entre la France et l’Allemagne et la moyenne de l’OCDE atteignent en 2013 un plus haut historique (respectivement 6,8 et 11,1 points de PIB) :
Les augmentations des dépenses publiques sociales se sont toutefois faites à des rythmes très différents au sein des différents pays de l’OCDE et on peut même remarquer quatre exemples de réductions des dépenses significatives. Celles-ci se sont d’ailleurs toutes réalisées dans la première moitié des années 1990 au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Suède et en Finlande. Ces derniers sont ceux qui ont sans doute fourni l’effort le plus spectaculaire puisque les dépenses publiques sociales y ont été réduites de pas moins de 8 points de pourcentage de PIB entre 1994 et 2002 :
Le graphe ci-dessous indique les principales composantes de ces dépenses publiques sociales au sein de l’OCDE et l’origine de leur augmentation dans les principaus pays la composant (malheureusement, les données relatives aux composantes s’arrêtent en 2009) :
Comme on le voit, les deux principaux postes sont la vieillesse (12,3% du PIB en 2009) et la santé (9,0%), qui représentent à eux seuls près de deux-tiers des dépenses sociales.
Dans le cas de la France, les pensions versées aux retraités atteignent 13,7% du PIB, ce qui est plus que l’Allemagne (11,3%) qui bénéficie pourtant d’une démographie moins favorable. Seule l’Italie affiche un niveau de dépenses plus élevé (15,4%). Les systèmes de retraite par capitalisation permettent de réduire considérablement la note, comme on peut le constater dans les pays où ils sont beaucoup plus développés qu’en France (par exemple 6% en Grande-Bretagne et 5% aux Pays-Bas).
Malgré sa démographie plutôt favorable, les dépenses vieillesses de la France ont significativement augmenté :
Source : OCDE.
Concernant les dépenses publiques dans le domaine de la santé, c’est en France qu’elles sont les plus élevées parmi les membres de l’OCDE :
Bien entendu, les dépenses sociales ne sont pas toutes publiques. Une partie, qui peut parfois être non négligeable est en effet d’origine privée. Si l’on regarde l’ensemble des dépenses dans la santé (c’est-à-dire en rajoutant le secteur privé), les États-Unis deviennent les plus dépensiers.
La proportion d’origine privée sur l’ensemble des dépenses sociales varie sensiblement selon le pays :
Source : OCDE.
Voir1 pour le détail des abréviations.
Les États-Unis n’ont pas été intégrés dans le graphique afin que celui-ci reste lisible. La dépense privée américaine s’élève à 10,6% du PIB, ce qui représente 35,6% de l’ensemble des dépenses sociales.
Pour définir les dépenses totales sociales nettes, l’OCDE additionne ces dépenses publiques et privées aux crédits d’impôt avant de retrancher les cotisations sociales, les taxes et les impôts (directs et indirects). Le classement initial s’en trouve sensiblement modifié :
La France est toujours en tête, mais la seconde place est désormais occupée par les États-Unis.
Pour redresser la barre sur le plan économique, une réduction des dépenses publiques est urgente et celle-ci devra impérativement passer par le domaine social. L’acte manqué de la réforme des retraites en France est d’autant plus dommageable du fait du poids des pensions parmi les dépenses sociales. Les perspectives démographiques, si elles sont moins mauvaises en France qu’ailleurs, laissent malheureusement présager de grandes difficultés pour inverser les tendances haussières dans les domaines des pensions et de la santé. Le courage politique qui fait tant défaut depuis plusieurs décennies sera pourtant nécessaire pour porter des réformes indispensables au rétablissement français. Ainsi le développement (parfois l’introduction) des systèmes de retraite par capitalisation et la liberté de choix pour l’assurance maladie apparaissent comme inévitables pour relancer l’économie française.
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Publié initialement sur 24hGold.
Note méthodologique : les agrégats pour les années 2010 à 2013 sont des estimations.
- AUS : Australia / AUT : Austria / BEL : Belgium / CAN : Canada / CHL : Chile / CZE : Czech Republic / DNK : Denmark / EST : Estonia / FIN : Finland / FRA : France / DEU : Germany / GRC : Greece / HUN : Hungary / ISL : Iceland / IRL : Ireland / IRS : Israel / ITA : Italy / JPN : Japan / KOR : Korea / LUX : Luxembourg / MEX : Mexico / NLD : Netherlands / NZL : New Zealand / NOR : Norway / PLO : Poland / PRT : Portugal / SVK : Slovak Republic / SVN : Slovenia / ESP : Spain / SWE : Sweden / CHE : Switzerland / TUR : Turkey / GBR : United Kingdom / USA : United States. ↩