Nouvelle cible du gouvernement : les médecins « mercenaires ».
Publié Par Phoebe Ann Mo$e$, le 18 décembre 2013 dans SantéLe député PS Olivier Véran veut plafonner le salaire des médecins intérimaires. Une présentation des faits encore une fois bien partiale.
Par Phoebe-Ann Moses.
Passons sur l’incommensurable bêtise de cette expression « mercenaires » qui sous-entend que la personne concernée est motivée surtout par l’appât du gain. Il faut dire que pour avoir envie d’aller travailler le 25 décembre, les dimanches, le jour de l’anniversaire de sa femme ou de la fête de fin d’année du petit dernier, il vaut mieux en effet que le gain soit à la hauteur. Sans parler du travail de nuit, des gardes de 24h, de l’agressivité des patients, etc., etc., chaque métier ayant ses contraintes, on en conviendra.
Les faits : les hôpitaux (pas tous) embauchent des intérimaires quand ils n’ont personne pour assurer le fonctionnement normal de certains services (plutôt les services de type urgences, anesthésie-réanimation, chirurgie, obstétrique… pas dermatologie, gériatrie, ou ophtalmo). Ces médecins, diplômés, qualifiés, français, se rendent disponibles pour la besogne ingrate du 25 décembre, pour les nuits, pour les dimanches… Donc sont effectivement mieux payés que leurs collègues. Pour ce qui est de la somme de 15 000 euros on ne sait d’où elle sort (brute, nette, aucun media ne précise !) mais ce qui est certain c’est qu’elle a été comparée à ce que gagne le médecin hospitalier alors que justement leurs conditions ne sont pas du tout les mêmes : l’intérimaire, pardon le mercenaire, doit payer de sa poche ses assurances, et cela est fort cher car pour lui l’hôpital ne se porte pas garant ni en cas de litige, ni de procès, ni de quelque problème que ce soit. Il va travailler parfois 100 à 120 heures par semaine. Il a fait 11 ans d’études. Même s’il était payé 15 000 euros brut, serait-ce injuste ? Faut-il encore jeter le discrédit sur lui ? Dénigrer son travail, en faire encore une fois un nanti ?
Voilà. C’est ce genre de personne encore une fois un peu déconnectée des réalités qui dessine la France dans laquelle nous vivrons dans quelques années, enfin ceux qui n’auront pas eu d’autre choix que d’y rester. Ceux-là devront vivre avec des « sages-femmes mercenaires » à la rémunération plafonnée, des « urgentistes mercenaires » à la rémunération plafonnée, des « anesthésistes mercenaires » à la rémunération plafonnée, des « chirurgiens mercenaires » à la rémunération plafonnée. À moins que, de plafonnement imposé en plafonnement imposé, plus aucun médecin n’ait envie de passer sa vie à l’hôpital pour des nèfles et décide de laisser notre bel hôpital public couler tout seul. Auquel cas, il faudra effectivement que vous parliez plusieurs langues étrangères (voir le rapport sur l’intégration) pour bien comprendre ce que le chirurgien marocain ou la sage-femme moldave a l’intention de vous faire.
Médecins, personnel médical et paramédical : c’est l’État qui a besoin de vous, pas le contraire !
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