Top Albums 2013

Publié le 18 décembre 2013 par Toto
10- Arcade Fire - Reflektor
Comme on dit, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Après plusieurs écoutes répétées, la plupart de ces chansons ont fini par faire leur effet insidieusement. James Murphy a réussi à remettre de la folie dans le rock des canadiens qui commençait déjà à devenir balisé. « Reflektor » est un joyeux foutoir où l’on peut danser, bouger, chanter, hurler. Arcade Fire ou comment se remettre en question tout en restant soi-même, quitte à se louper parfois. Ce groupe reste donc l’un des plus passionnants de son époque.
 
9- Babx - Drones Personnels
« Qu’on m’alune vite » demande Babx dans « J’attends les E.T. », l’un des meilleurs morceaux de son troisième disque, « Drones Personnels », dont les roulements de batterie n’est pas sans rappeler Radiohead. Le jeune homme avance en dehors de tout hype et est en train de concevoir l’une des œuvres les plus riches de la musique d’ici. « Drones Personnels » n’échappe pas à la règle et propose une palette d’influences et de styles assez prodigieuse. Il est temps que cet artiste soit enfin reconnu à sa juste valeur, c’est-à-dire l’égal des plus grands.

8- Nick Cave & The Bad Seeds - Push The Sky Away
S’il ne devait rester plus qu’un rockeur, ça serait lui, Nick Cave. Qui a eu la chance d’aller le voir cette année sur scène n’a pu être qu’impressionné par son incroyable présence et le colossal son déployé par ses Bad Seeds. Cave sait tout faire : jouer au crooner émouvant derrière son piano, jacter comme un bluesman ou tout envoyer valdinguer à la façon d’un punk.Malgré sa déjà longue discographie, l’homme semble encore progresser : si son nouveau disque calme le jeu, la guitare de Blixa Bargeld étant absente, sa musique gagne en subtilité. La classe intégrale.

7- Public Service Broadcasting - Informe-Educate-Entertain

Deux anglais bien propres sur eux inventent une nouvelle façon de faire de la pop, dans l’esprit des allemands de Kraftwerk, à la différence que les paroles sont uniquement composées de vieux extraits d’émissions d’informations. Si le concept risque de passer difficilement le cap du deuxième album, il est finalement assez révélateur d’une époque où nous sommes souvent impuissants devant le flot de nouvelles dont on nous abreuve au quotidien. « Entertain », la dernière injonction du titre, nous inviterait aussi à ne pas prendre tout ça au sérieux. Bonne idée.

6- Deerhunter - Monomania

Je l’ai déjà dit, Bradford Cox est devenu en quelques années, à travers ses deux formations, l’un des rockeurs les plus actifs et intéressants de sa génération. S’il manque un petit quelque chose pour que ses albums deviennent des classiques indémodables, le son est toujours d’une qualité irréprochable. « Monomania » se fait plus sale, cradingue, dissonant, surtout le formidable morceau titre, tout en montrant une fois de plus la remarquable capacité de Cox à écrire des chansons pop imparables comme « The Missing » ou « T.H.M ». Je ne suis pas prêt de lâcher le gaillard.

5- Parenthetical Girls - Privilege

Ceux-là, je les aime, pour leur univers à nul autre pareil, qui me rappelle Pulp et Suede, le tout agrémenté d’un petit côté arty bien américain. Le chant est affecté, la musique parfois kitsch, mais les chansons sont suffisamment tordues pour que ça passe quand même. Le talent de la paire Pennington-Bischoff est en tout cas injustement ignoré ou mésestimé. Le groupe pourtant originaire de Portland, n’a jamais été invité au principal festival de leur ville. De même, aucun tourneur français n’a souhaité les faire venir chez nous lors de leur dernière visite européenne. Le disque, compilation des 5 EPs qu’ils ont sorti depuis le déjà excellent « Entanglements » en 2008 n’a même pas été distribué chez nous. Si certains ouvraient mieux leurs oreilles…

4- Aline - Regarde Le Ciel
Aline divise : les uns leur reprochent des paroles basiques et plates, les autres ne jurent que par les guitares smithsiennes. Vous savez déjà que je me place dans la deuxième catégorie. Le magazine Magic qui n’est pas freiné par la pop même quand elle est chantée en français a compris que cette musique était ce qu’on avait entendu de mieux dans le genre chez nous depuis une éternité en classant « Regarde Le Ciel », disque de l’année. Ici, on y est presque. En plus, ma Lulu adore…

3- The Pastels - Slow Summits

Voilà un de ces anciens groupes que je n’ai découvert réellement que cette année par le biais de ce "Slow Summits", sans doute leur disque plus accompli. Il n’est pas très éloigné dans le style comme dans la qualité du chef d’œuvre de leurs voisins écossais de Belle & Sebastian, « If you’reFeeling Sinister ». Epaulé par John McEntire, The Pastels, l’une des formations les plus sympathiques qui soient, nous assènent un magnifique recueil de pop mélodique, subtile, qui devrait me suivre pendant longtemps encore.

2- The Flaming Lips - The Terror
Depuis “Yoshimi Battles The Pink Robots” – même si j’ai depuis réévalué "At War With The Mystics" -, les Flaming Lips étaient juste devenus de fabuleux « performers ». Je n’arrivais plus à suivre les expérimentations de plus en plus tarabiscotées de Wayne Coyne et de sa bande. « Embryonic », le véritable précédent disque était un gigantesque foutoir où il n’était pas évident d’y trouver beaucoup de chansons. « The Terror » garde pourtant les mêmes grosses basses, mais est plus apaisé, et surtout il est cette fois d’une incroyable cohérence. C’est l’un de ces rares albums qu’il faut absolument écouter d’une traite pour mieux s’y plonger. Un des disques après lesquels l’essentiel de la production musicale paraît bien fade – essayer Stromae juste après par exemple. « The Terror », c’est de la musique en 3D, c’est aussi le disque idéal pour la fin du monde. Beau et effrayant.

1- Yo La Tengo - Fade

L'un des premiers disques, "Fakebook", de Yo La Tengo était une brillante collection de reprises. Jusqu'à aujourd'hui, il était considéré par beaucoup comme leur meilleur, tendant à prouver que le groupe n'était qu'une sympathique formation de série B, des sortes d'éternels outsiders. Et puis, il a fallu entre autre qu'ils s'associent avec monsieur Tortoise à la production, John McEntire, pour que leur indie rock prenne son véritable envol. Bon, les vrais connaisseurs ergoteront qu'ils ont déjà enregistré un paquet de très bons disques et ils auront raison, mais moi, c'est avec ce "Fade" que j'ai eu la révélation. Yo La Tengo est devenu d'un coup d'un seul le groupe de rock indépendant par excellence. Celui qui trace sa route sans se soucier des modes, ce qui a justement pour effet de rendre leur musique indémodable. Partant de l'influence obligée du Velvet Underground, Yo La Tengo a su digérer chaque nouveau courant - le grunge, le shoegaze, la dream pop, etc -, l'intégrer à son univers pour en ressortir une étonnante matière originale. "Fade" ressemble aujourd'hui à s'y méprendre à l'album parfait.