Il n’a pas fallu longtemps pour y arriver. Quelques jours seulement se sont écoulés entre l’affaire dite du bijoutier de Nice, et l’appel au meurtre lancé par des sénateurs UMP. Les deux événements sont évidemment, intimement, liées.
Vous savez sûrement ce qui s’est passé à Nice: un bijoutier a tiré sur les deux cambrioleurs qui s’enfuyaient. Un jeune homme de 19 ans, multirécidivsite, spécialisé dans le vol de scooters, a été tué.
L’appel au meurtre des sénateurs UMP maintenant, lancé par Eric Doligé:
Eric Doligé : “j’ai un instinct meurtrier” par LCP
On ne l’entend peut-être pas très bien, mais à la fin de la séquence, Jean-Claude Gaudin propose de préter les kalachnikovs pour tirer sur Hollande et le gouvernement.
“J’ai l’instinct meurtrier”. “Cognez à mort!”. Les mots d’Eric Doligé ont évidemment un sens, et ils ont une résonnance. Ils banalisent le meurtre et la mort, ils suggèrent qu’être “exaspéré” – le mot est employé aussi bien par le sénateur que par le bijoutier- autorise à tuer. Tirer dans le dos d’un voleur qui s’enfuit? Permis! Supprimer ses adversaires politiques? Permis. Drôle de vision de la démocratie, au passage, que l’on ne supporte que lorsque l’on est du coté du vainqueur. A aucun moment les supporteurs du bijoutier ni ceux du sénateur ne s’imaginent pouvoir être du mauvais coté du fusil. Le voyou, c’est l’autre. Celui qui vole des scooters et des bijoux, tout autant que celui qui ne pense pas comme vous. Pour les deux, un seul verdict: la mort.
Dans la bouche d’élus de la République, ces mots ont encore plus de poids, plus de sens. Plus de gravité. Ils disent qu’il n’existe plus de valeurs, plus de poids ni mesures. Que rien ne vaut rien. Que tout est permis et que l’on peut tirer sur tout ce qui bouge et exaspère. Or c’est précisément cette absence de repères qui poussent de petits cons à monter sur un scooter volé pour braquer une bijouterie.