Hémipshère nord de Titan maculé de lacs et de mers – la plus grande, « Kraken Mare » s’étend sur 1 100 km – téléchargez l’image en haute résolution ici
Survolez les paysages parsemés de lacs et de rivières sombres à la surface de Titan, la deuxième plus grosse lune du système solaire.
Dans notre système solaire, il n’y a guère que sur la Terre et Titan qu’on puisse trouver des liquides stables en surface. Mais à la différence de « chez nous », sur le plus gros satellite naturel (5.150 km de diamètre) de Saturne où la température moyenne est – 180 °C, ce sont des hydrocarbures — principalement du méthane — qui couvrent ses territoires du nord.
Comparable à l’atmosphère de la Terre primitive, celle qui enveloppe Titan intéresse beaucoup les astronomes depuis plusieurs décennies. Survolée une première fois, en 1980 par la sonde spatiale Voyager 1, elle est depuis 2004 régulièrement visitée et scrutée par le vaisseau de la mission Cassini-Huygens. C’est ainsi que peu à peu, les chercheurs parviennent à distinguer à travers la brume ambrée, ses étonnants et fascinants paysages façonnés par un véritable cycle, non pas de l’eau, mais des hydrocarbures …
Les observations de l’hémisphère nord de Titan menées entre 2004 et 2013 ont permis de constituer une mosaïque d’images de l’ensemble de ses lacs et mers avec un niveau de détails sans précédent. Une cartographie fidèle qui nous offre d’explorer l’ensemble de ses étendues sombres et de deviser les plus importantes : « Kraken Mare » et « Ligeia Mare ». Une multitude de petits lacs connectés à des réseaux de rivières qui couvrent la région sur environ 900 par 1.800 kilomètres. Seuls 3 % des réserves de liquides de Titan sont exclues de cette zone.
Pour Randolph Kirk, membre de l’équipe de chercheurs du radar de Cassini qui s’est interrogé sur leur aire de répartition « ces images nous montrent que le substrat et la géologie ont dû créer un environnement particulièrement favorable pour les lacs dans cette région. Nous pensons que cela pourrait être semblable à la formation du lac préhistorique de “Lahontan” près du lac Tahoe (Nevada et Californie) où la déformation de la croûte a créé des fissures qui ont pu se remplir de liquides. »
Avec le radar de Cassini, les scientifiques ont pu pour la première fois évaluer la profondeur de « Ligeia Mare ». Remarquablement lisse et composée de méthane et éthane liquide très pur, il apparait qu’il s’enfonce jusqu’à 170 mètres. Soit autant « au moins à un endroit, que la moyenne du lac Michigan » a déclaré Marco Mastrogiuseppe de l’Université Sapienza de Rome.
Par extension, le professeur Alexander Hayes (Université Cornell) et son équipe ont calculé qu’il y aurait sur Titan environ 40 fois plus d’hydrocarbures liquides que sur Terre. Un total de 9.000 kilomètres cubes que l’on serait bien mal avisé d’exploiter et d’injecter dans notre atmosphère dont le taux de gaz à effet est déjà trop élevé (plus de 400 ppm pour le CO2).
Crédit photo et vidéo : NASA/JPL-Caltech/ASI/USGS.