Détentrice de multiples records du Maroc en natation, élue sportive de son pays deux années de suite, et demie-finaliste au Jeux Olympiques de Londres dans sa discipline; Sara El Bekri a gentiment accepté de répondre à quelques questions pour la première interview réalisée sur le blog de sport histoire du sport.
Sara El Bekri, à à peine 26 ans vous êtes l’un des plus beaux palmarès du sport marocain, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis nageuse, ayant fait partie à plusieurs reprises de l’équipe nationale marocaine. J’ai eu la chance de représenter mon pays à 2 éditions des Jeux Olympiques (Pékin 2008 et Londres 2012).
Pourquoi avoir choisi la natation ?
Il s’agissait d’un concours de circonstance. J’habitais non loin de la plus grande piscine de ma ville natale. Mes parents ont jugé bénéfique que je fasse du sport et c’est ainsi que j’ai commencé à nager. L’adrénaline des petites compétitions aidant, j’ai pris goût à la chose et ai voulu continuer à nager.
Quelle est la place de la natation au Maroc ?
La natation est un sport qui nécessite un fort investissement notamment des infrastructures (il faut bien avoir une piscine). De fait, les villes qui disposent de piscines ont des clubs de natation avec une forte affluence. Quand on s’intéresse au haut niveau, la natation marocaine a été présente aux JO depuis 2000.
Pensez-vous que votre réussite puisse donner envie à de jeunes athlètes marocains de se mettre à la natation ?
Ce n’est pas ma motivation première. Si dans quelques années, un nageur me dirait qu’il s’est intéressé à la natation en suivant le parcours de l’équipe nationale au début des années 2010, ça me ferait très plaisir et j’en serais honorée.
Malgré certains problèmes avec la fédération marocaine, vous avez toujours clamé votre amour pour le Maroc…
Représenter son pays n’est pas un choix ou un plaisir, je vois cela comme un devoir. Je n’ai pas eu de problèmes avec l’existence de l’institution fédérale mais avec les dirigeants qui y étaient jusqu’en 2009. J’ai eu la chance d’être bien entourée et d’avoir des proches qui m’ont fait prendre conscience de l’importance de représenter le Maroc aux compétitions internationales en passant outre des conflits stériles.
Vous avez participé à vos deuxièmes Olympiades à Londres en 2012. Quelles ont été les leçons tirées suite à cette expérience ?
C’est grâce aux JO 2008 que j’ai pu avoir une meilleure appréhension des JO 2012. Le modèle sportif est fondé sur la répétition : on s’entraine tous les jours pour répéter des mouvements jusqu’à atteindre ou s’approcher d’une perfection. Pour moi, le même principe s’applique pour les grands rendez-vous sportifs. J’ai été subjuguée et absorbées par l’ambiance à Pékin qu’il était un peu difficile de me concentrer sur ma mission première qui était de nager. A Londres, j’avais une plus grande sérénité qui –j’espère- a joué et m’a permis d’accéder en demi-finale.
Vous avez été le 2 octobre 2013, avec votre sœur les deux premières femmes arabes à effectuer la traversée à la nage du détroit de Gibraltar… Qu’est-ce que cela représente pour vous ? Au-delà de l’exploit sportif, souhaitiez-vous faire passer un message ?
J’ai grandi dans un pays où les images de barques échouées se succèdent dans tous les JT du Royaume et c’est consternant de voir les risques pris par certaines personnes dans l’effort de traverser la Méditerranée du Sud au Nord. On a souhaité –avec ma sœur- faire le parcours inverse et que ça ait une symbolique forte.
Cet exploit a beaucoup été relayé dans votre pays, mais très peu en France, comment l’expliquez-vous ?
Je n’ai pas d’explication particulière. La médiatisation en soi n’était pas un enjeu pour nous.
Au-delà de vos très bons résultats sportifs vous avez été lauréate, dans le secteur des sports du Trophée de la Diplomatie Publique au Maroc…
C’est un titre honorifique accordé par les ambassadeurs au Maroc à des personnalités ayant marqué le paysage national pendant l’année. J’étais très touchée de faire partie des lauréats.
Vous travaillez également au sein d’une entreprise de consulting en systèmes d’information à Paris (mc²i groupe). Comment concilier une vie de sportive professionnelle et une activité professionnelle ?
J’ai toujours trouvé les activités complémentaires enrichissantes. Même pendant ma période scolaire, j’ai toujours mené ma vie sportive en parallèle avec ma vie professionnelle. J’ai toujours vu la chose comme un équilibre entre des activités intellectuelles intenses et des efforts physiques conséquents. Ça m’a apporté beaucoup de choses : un sens de l’organisation, une valorisation de chaque moment que je vivais.
Votre plus beau souvenir en tant que nageuse ?
C’est difficile, j’en ai beaucoup. Je retiendrai les Jeux Panarabes en Décembre 2011. A 8 mois des JO, j’avais fait pas mal de mes meilleurs temps et ça avait été un vrai boost pour continuer à travailler les 8 mois qui ont suivis.
Quels sont vos objectifs pour les années à venir, pensez-vous déjà aux prochains Jeux Olympiques ?
J’ai mis ma vie sportive entre parenthèses et me consacre à ma vie professionnelle. Cela ne m’empêche pas de me lancer des défis personnels comme la traversée du détroit de Gibraltar. Pour le moment, je n’ai toujours pas trouvé mon prochain objectif.
Pour terminer, si vous deviez ne citer qu’un moment en sport qui vous a marqué, lequel serait-il ?
La finale du 400m (athlétisme) de Derek Redmond à Barcelone 1992. Je ne me rappelle pas l’avoir vu en direct mais ça fait partie de ces vidéos que j’aime bien voir quand je suis en quête d’inspiration.