A propos de Je fais le mort de Jean-Paul Salomé
François Damiens
A Paris, Jean Renault (François Damiens) est un acteur dont la carrière bat de l’aile (si elle s’est déjà envolée) et tourne en rond au niveau du zéro. César du meilleur espoir masculin 1987, c’est un comédien aujourd’hui perdu, végétant à la dérive, loser victime de son arrogance, de son pointillisme et d’une prétention qui l’ont rendu insupportable et indésirable sur les tournages… Paria du 7ème art, c’est en comédien résigné qu’il se présente à un entretien à l’ANPE. Lorsque sa conseillère lui propose de jouer le « mort » pour une reconstitution judiciaire, dans le cadre d’un triple crime à la montagne, Renault croit d’abord à une blague. N’ayant d’autre choix que d’accepter, il s’engage dans une bien étrange et incongrue aventure qui va bientôt dépasser le cadre de figurant qu’il doit interpréter. Et le dépasser tout court…
Si Je fais le mort ne brille pas par sa mise en scène un brin apathique et qui manque de rythme, de tension, le film écrit et réalisé par Jean-Paul Salomé (Le petit Lieutenant, 2004, mais aussi Belphégor, Le fantôme du Louvre, 2001 ou encore Arsène Lupin, 2004) peut s’appuyer en revanche sur un scénario tortueux à souhait. Un scénario qui consiste en une habile mise en abyme du cinéma et qui peut s’enorgueillir d’un mélange de genres (romance, polar, comédie) pour le moins audacieux et réussi.
Si l’alchimie prend, c’est notamment parce que les péripéties et les retournements de situations de Je fais le mort sont assez inattendus pour rendre l’histoire captivante.
Et puis, il y a François Damiens, dont les facéties et le génie, les fulgurances et les improvisations comiques suffiraient à rattraper à eux seuls n’importe quelle faille dans la réalisation, à combler n’importe quelle faiblesse ou n’importe quel manquement dans la mise en scène.
Géraldine Nakache
L’élégante et charmante juge d’instruction jouée par Géraldine Nakache (belle brune à la peau mate) contraste avec le personnage interprété par l’acteur belge, aux manières rudes et directes que démentiront plus tard une sensibilité, un mal-être, un manque de confiance en lui insoupçonnés auxquelles la juge ne sera pas insensible…
François Damiens, Lucien Jean-Baptiste
Acteur au physique atypique et étrange (plutôt blond, il a des épaules charpentées et solides mais un grand corps longiligne aux bras ballants), François Damiens forme avec Géraldine Nakache un duo pour le moins contrasté physiquement et improbable. Ce qui ne va pourtant pas empêcher leurs personnages de s’entendre et leur duo de fonctionner à merveille. Cette union n’était pas gagnée au départ, tant les personnages qu’ils campent ont des caractères aux antipodes. Nakache incarne une jeune juge très rationnelle et un brin zélée, surmotivée depuis qu’elle a remplacé au pied levé un collègue. Un brin rigide et condescendante, elle est le contraire de notre piètre comédien usé qu’elle prend de haut tout naturellement au début du film. Ce dernier n’est pas innocent non plus, qui se prend au sérieux lors de leur première rencontre en mentant sur les raisons de son voyage à la montagne : un pseudo « gros tournage » pour lequel il a été embauché.
Sans dévoiler tout le scénario de cet étonnant « polar burlesque » aux accents chabroliens (on pense à Au coeur du mensonge, 1999) et aux rebondissements inattendus, c’est avec un plaisir avoué que l’on suit l’enquête de ce duo de choc dont l’entente et la collaboration vont bientôt fonctionner au-delà de tout ce que l’on pouvait s’imaginer. Sans jamais tomber dans la surenchère ni la mièvrerie ou le piège d’un mélo mielleux. Juste équilibre, vous avez dit ? Un sympathique cadeau de Noël en tout cas…
http://www.youtube.com/watch?v=n8h6c-Z2SlQ
Film français de Jean-Paul Salomé avec François Damiens, Géraldine Nakache, Lucien Jean-Baptiste, Jean-Marie Winling… (01 h 45)
Scénario de Jean-Paul Salomé :
Mise en scène :
Acteurs :
Compositions de Bruno Coulais :