L'ère du Big Data n'est peut être pas encore complètement arrivée. Si ces deux mots sont devenus un enjeu majeur, et ce non seulement pour les entreprises mais aussi pour les systèmes de gestion et d'administration au sens large, public comme privé, les applications pratiques du concept sont encore au mieux incomplètes, au pire inexistantes. De fait la Big Data n'est pas seulement un changement d'outil mais requiert une refonte presque entière de la façon dont les entreprises appréhendent leurs services informatiques, demandant notamment de très lourds investissements afin de pouvoir extraire de ce maelström de données, des informations utilisables dans la conduite des opérations réelles. C'est du moins ce qui semble apparaître à la lecture des résultats de l'étude menée par la société américaine EMC. Effectué auprès de quelques 10 000 décideurs informatiques provenant d'une cinquantaine de pays différents, ce sondage semble montrer une certain retard des pays les plus développés devant les obstacles à la réalisation du Big Data. Ainsi si près de 80% des interrogés reconnaissent l'importance du potentiel impact de l'analytique dans la prise de décision, seuls 2/3 d'entre eux ont effectivement préparé des projets pour la mettre en place.
De la théorie à la pratique
Les décideurs informatiques qu'ils soient directeurs ou chefs de services, semblent majoritairement convaincus, à près de 76%, à la lecture des résultats du sondage, que l'investissement technologique est le facteur stratégique premier pour la viabilité et le succès à long terme de l'entreprise. Si l'on observe les réponses obtenues en Inde, ce chiffre atteint même 92%. De fait, l'importance du Big Data semble être ressentie nettement plus fortement par les pays émergents. En Corée du Sud, ce sont ainsi 81% des personnes interrogées qui admettent penser que le Big Data sera un facteur clé dans la réussite ou non de leur entreprise, contre seulement 29% en Suède par exemple. En pratique, ce sont même respectivement 79% des Taiwanais contre 16% des Japonais qui avancent avoir déjà acquis un avantage compétitif grâce au Big Data. Or si les attentes sont fortes, les entreprises américaines et européennes semblent prendre un certain retard qui pourrait s'avérer très handicapant dans la compétition avec les entreprises asiatiques. 43% des décideurs italiens reconnaissent ainsi n'avoir aucun plan pour le moment quant à l'implémentation de secteurs analytiques. On observe ainsi que les entreprises asiatiques semblent nettement mieux préparées, 90% des entreprises coréennes avançant être techniquement prêt, contre 39% par exemple pour la Pologne. Enfin, dans la gestion des risques et la protection des données, c'est la Chine qui semble le mieux prendre la mesure de l'impact du Big Data : 74% des décideurs interrogés avançant le Big Data comme vital dans leur procédés de protection, contre seulement 56% sur la moyenne mondiale.
Un problème de culture
Si les grandes entreprises américaines et européennes apparaissent avoir des difficultés dans l'appréhension des réalités du Big Data, les raisons en sont d'abord économiques. Investissement très important, le Big Data souffre encore pour 35% des décideurs interrogés de l'inconnu lié au retour sur investissement, et plus largement pour 29% d'entre eux, de la pertinence des outils existants dans la conduite du business. "Ce sondage nous rappelle que pour bénéficier de tous les avantages de la transformation IT, les entreprises doivent transformer la couche technologique tout en transformant les individus et les process existants." rappelle Helen Barnekow, Vice-Président Senior d'EMC. Ainsi, en observant les meilleurs résultats obtenus par les entreprises asiatiques disposant d'une riche expertise informatique, il semble que le Big Data soit d'abord un problème de culture dans les entreprises des pays du Nord économique. Pour 22% des décideurs informatiques interrogés, il s'agirait même du principal obstacle.