Récemment, j’ai vécu une nouvelle expérience enrichissante !
Dès la fin novembre, au Québec, des petits lutins farceurs venant tout droit du magasin du Pôle-Nord ont envahi nos maisons et les réseaux sociaux. Au début je n’y portais pas trop attention, je les trouvaient même un peu agaçants tout comme la légende qui les entoure et je me disais que ça n’entrerait pas chez moi ! Mon esprit trop critique a tout de suite décelé un autre coup de marketing utilisant les enfants et auquel tout le monde mordait ( ainsi qu’un paquet de trouble pour les parents moins motivés ). Puis, à ma grande surprise – et parce qu’il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idées – je me suis laissée charmer et mise à rire des mises en scènes réalisées par les parents. Je me suis alors dit que c’était une belle occasion pour les parents de retrouver à leur tour la magie de Noël et leur cœur d’enfant.
“Ne jugez pas quelqu’un sans avoir marché dans ses souliers” dit-on. Il fallait que j’essaie ça !
Mais pas question pour moi de m’arracher les cheveux et courir les magasins en pleine pénurie de lutin pour ensuite payer une somme exorbitante à l’achat d’un de ces pantins de porcelaine made in China aussi cheap qu’un jouet du Dollorama et, victime de sa popularité, élevé à tord au titre de veau d’or aussi rare et indispensable que des chandelles pendant la crise du Verglas. On se souviendra d’ailleurs longtemps de la crise des lutins de 2013 !
Je suis donc allée à l’encontre de mes principes en allant au-devant des désirs de mon enfant pour assouvir mon envie de vivre à mon tour un peu de magie. Pour tester le terrain, j’ai fais appel au système “D” et j’ai fabriqué mon propre lutin. J’ai aussi publié un tutoriel que j’ai rendu accessible pour les gens qui n’avaient pas la “chance” d’avoir de lutin et souhaitaient en fabriquer un. Et je dois dire que c’est la partie que j’ai préféré dans cette histoire car beaucoup de mamans, plutôt que d’acheter un produit fait en série, ont réalisé de très belles créations grâce à cette publication.
Finalement, après m’être plutôt bien amusée avec MON jouet au dépend de mon fils, je me suis mise à m’interroger… Et quand je m’interroge, je m’interroge beaucoup !Et si cette nouvelle tradition était de trop ?
J’ai déjà l’impression de duper mon fils et de profiter de sa naïveté en lui faisant croire au Père-Noël alors de jouer la comédie pendant des jours voire des semaines précédant Noël avec un lutin qui fait des farces la nuit, fige le jour et rapporte les bons ou mauvais comportements de mon enfant pour finalement nous quitter au passage du Père-Noël est pour moi le trahir doublement !
Je sais que les enfants ont besoins de ces petits rites qui ponctuent l’enfance et aident à grandir ( et certains adultes également ) mais trop, c’est comme pas assez. Moi, je suis bien à l’aise avec mon bon vieux Père-Noël et ses Rennes ( ya même pas de fée des étoiles dans mon monde, ni de Bonhomme Sept Heures, de fée des dents ou de lapin de pâques ) et mon fils n’en demande pas plus. Le Père Noël, c’est la magie, la fête, le mystère ; mais aussi le don, la générosité, la beauté gratuite d’offrir. « Si le Père Noël n’est pas vrai ‘pour de vrai’, l’amour qu’il incarne, lui, l’est », répondait la psychanalyste Claude Halmos à une lettre d’une lectrice s’inquiétant d’annoncer la non-existence du Père Noël à sa fille. Tant qu’aux petits lutins, ils resteront sagement au Pôle-Nord à aider Papa-Noël ou sur leur tablette, the elf , on the shelf ! Comme quoi le minimalisme, ça peut aussi s’appliquer au niveau des croyances et des traditions !