Pourquoi ce livre :
Une belle couverture ? Un titre en latin ? Une intrigue qui promettait d’être intéressante ? Je n’ai pas attendu pour l’acheter, vous vous doutez bien.
Ce qu’en dit la quatrième de couverture :
"2202. Né des cendres d’une conflagration planétaire, l’Empire Chrétien Moderne règne sur une Terre ravagée et irradiée. Urbain IX, pape tout puissant et restaurateur du Dominium Mundi, y gouverne d’une main de fer ses peuples revenus à un mode de vie médiéval.
Sous son impulsion, un vaisseau colonisateur est envoyé vers une planète d’Alpha du Centaure, dans l’espoir d’y conquérir de nouveaux territoires pour l’humanité. Lorsque les passagers l’abordent, ils ont la surprise d’y trouver un peuple inconnu, les Atamides. Le choc est grand. Mais ce n’est rien en comparaison d’une découverte encore plus bouleversante : le véritable tombeau du Christ ! Guidés par leur foi inébranlable, les missionnaires tentent de s’en emparer, en vain. Les indigènes les massacrent.
Sur Terre, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Deux ans plus tard, Urbain IX achève d’armer un gigantesque vaisseau, le St-Michel, capable d’emporter un million d’hommes. Pour Tancrède de Tarente, le Méta-guerrier héros des champs de bataille, et Albéric Villejust, le génie de l’Infocosme enrôlé de force, débute une Croisade sanglante vers une nouvelle Jérusalem.
Les événements feront-ils bégayer l’Histoire ?"
Mon avis :
Une fois n’est pas coutume, je vais m’attarder sur la couverture (je l’ai mise en grand format pour que vous puissiez bien la voir). Je n’ai pas l’habitude de me fier à une couverture pour choisir un livre, mais quand vous voyez une si belle couverture et que vous apprenez que c’est l’auteur du livre qui l’a réalisé, ça donne déjà très envie de l’acheter !
Mais passons au roman lui-même. Dominium Mundi est un livre qui relève un pari difficile : lier un voyage spatial, une société néo-médiévale (je sais ce mot n’existe pas), une croisade et rendre ça intéressant pour le lecteur.
Pari difficile, mais relevé avec brio dans cette première partie où l’on découvre cette société néo-médiévale née des ruines de la guerre d’Une Heure et qui a choisi de se former autour de valeurs chrétiennes que l’on peut supposer rassurantes. L’Empire Chrétien Moderne était né, composé de royaumes, de duchés et de comtés, le tout régenté d’une main toute-puissante par le pape Urbain IX. On observe donc une société hybride, où la technologie guérit les blessures de guerre et permet d’aller sur de lointaines planètes tout en interdisant de guérir la stérilité et où ne pas s’engager pour la croisade est un acte de trahison.
Comme dans la première croisade, l’objectif est ici de délivrer le tombeau de Christ, qui serait situé sur la lointaine planète d’Akya du Centaure. Un vaisseau est donc apprêté pour amener l’armée sainte jusqu’à destination : le Saint-Michel.
Mais contrairement à ce que veut faire croire la propagande papale, tout n’est pas si clair, et entre le manque d’informations sur la planète à conquérir ou bien les véritables motivations à faire cette croisade, les personnages peuvent se prendre à douter. Or dans ce monde où douter du pape équivaut à douter de Dieu, et où le manque de foi entraîne un châtiment pire que la mort, la critique et le libre-arbitre ne sont pas envisageables. Une évocation glaçante du concept de l’éternel retour, qui nous rappelle que dans la marche de l’Histoire, le progrès n’est jamais linéaire.
Ce premier tome nous narre le long voyage vers Akya du Centaure en nous présentant cet univers et ses personnages. On passe ainsi des soldats volontaires et enthousiastes aux enrôlés de force, des dirigeants de la croisade aux écuyers. L’auteur réussit ici la performance de nous livrer toute une galerie de personnages aux caractères assez divers et de leur donner des personnalités à l’image de l’intrigue, toutes en nuances.
Faites comme moi, embarquez dans ce périple et vous ne le regretterez pas. Aucune longueur n’est à déplorer dans ce premier volume très prenant (trop même, j’ai fini de lire ce livre à 6h du matin). Un bien bel hommage à la littérature épique médiévale qui réussit à se détacher de son inspiration d’origine (La Jérusalem délivrée de Le Tasse) pour nous proposer un très bon roman de science-fiction dont j’attend la suite (prévue pour mars) avec impatience.
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