Gabriel Astruc a tôt fait
d’intégrer Marcel Proust, par la bande, à ses chroniques de Gil Blas. Le lundi 15 décembre, il lance,
À propos d’un temple enseveli, une
réflexion sur la place de la musique à Paris. Il s’agit de faire la part des
choses entre le véritable goût musical et le snobisme qui fait aller au concert
parce qu’il faut y être allé…
Et c’est dans Du côté de chez Swann qu’il va chercher
un exemple, comme si le monde du roman était très précisément le monde réel.
Et vous, belle Madame, qui êtes-vous ?
Vous êtes l’exquise Madame Dupont, la superbe Madame Worms-Mendelssohn, la
près parisienne Mrs Bavhard-Thoultan, la douce Conception de la Plata.
Vous êtes la très célèbre comtesse de Monteriender à qui Marcel Proust, dans
son adorable Swann, fait dire ce mot typique, à l’issue d’une audition qui eût
dû surtout évoquer un silence religieux : « C’est prodigieux, je n’ai
jamais rien vu d’aussi fort… depuis les tables tournantes ! »
En voilà une qui ne
risque pas d’entendre la phrase dans la sonate de Vinteuil, et que Gabriel
Astruc utilise pour prouver qu’on n’aime plus, de nos jours, la musique. Ni le
théâtre, ni d’ailleurs aucun spectacle de qualité. C’est bien « un temple
enseveli »…