Un Hollandais sur 5 en faveur de l’assistance médicale « à mourir » pour les personnes simplement « fatiguées de la vie », qui en émettraient le souhait, et même si elles ne sont pas gravement malades ; Un sur 3 autorisant les plus âgés à prendre une pilule pour mettre fin à leur vie si tel est leur souhait, ce sont les résultats de cette enquête publiée dans le Journal of Medical Ethics (BMJ). Des conclusions qui peuvent sembler extrêmes, obtenues dans le pays où le suicide assisté est légal depuis 2002, mais qui montrent l’importance de poursuivre le débat sur la fin de vie.
C’est une enquête auprès du grand-public, menée sur un échantillon de 2.000 personnes âgées de 18 à 95 ans, représentatif de la population hollandaise. Un terrain d’étude donc bien spécifique, car déjà très favorable à l’assistance médicale « à mourir », puisqu’aux Pays-Bas, les médecins peuvent légalement aider les patients à mourir si telle est la demande exprimée consciemment par le patient atteint d’une souffrance insupportable et sans espoir de guérison. Un pays où le débat se poursuit toujours, avec la question de l’euthanasie dans le cas des malades atteints de démence, des patients en phase terminale et des nouveau-nés gravement handicapés. Ici, la question traitée va encore plus loin, c’est celle de l’assistance médicale à mourir, aux personnes âgées qui ne sont pas gravement malades mais qui sont tout simplement fatiguées de vivre. Un débat qui, expliquent les auteurs, très actif aux Pays-Bas, nécessite que les autorités évaluent la position de l’opinion publique.
Deux cas ont été abordés dans cette enquête, celui d’une personne âgée en bonne santé fatiguée de la vie et celui d’une personne plus jeune en phase terminale. Les résultats :
· 57 % des personnes interrogées sont en faveur du droit à l’euthanasie pour tous,
· 53% pensent que tout le monde a un droit de décision sur sa vie et sa mort.
· 26 % sont globalement en faveur du droit au suicide médicalement assisté pour une personne âgée fatiguée de la vie,
- 21 % se déclarent d’accord avec l’énoncé : » Pour moi l’euthanasie devrait être autorisée pour les personnes qui sont fatiguées de vivre sans avoir une maladie grave
- 52 % sont en désaccord avec cette proposition,
- 25 % ne sont ni d’accord ni en désaccord.
- 19% se déclarent favorables à cette option, s’ils étaient dans la même situation.
· Près de la moitié des répondants demanderaient l’aide d’un médecin pour les aider à mourir s’ils étaient malades, en phase terminale,
· 36% sont favorables à la possibilité, pour les plus âgés qui le souhaiteraient, de se procurer des pilules qui leur permettraient de mourir.
- 30% sont neutres sur le sujet.
· Le niveau de soutien pour la mort assistée chez les personnes âgées fatiguées de la vie est, bien évidemment, inférieur à celui pour le droit à l’assistance à mourir des personnes gravement malades.
Les facteurs qui influencent la position face à l’euthanasie ou au droit de mettre fin à ses jours : L’âge et l’état de santé n’ont aucune incidence sur l’acceptation du droit des personnes âgées fatiguées de vivre à choisir de mourir. Ceux qui soutiennent cette option ont un niveau plus élevé d’éducation et plutôt sans religion. Ils ont peu confiance en les médecins et préfèrent prendre leurs propres décisions de santé.
Globalement aux Pays-Bas, une minorité significative s’avère déjà en faveur de l’option de l’aide médicalisée à mourir pour les personnes âgées « simplement » fatiguées de vivre. Une position qui peut sembler en France « d’avant-garde » mais qui montre combien le débat se doit d’être pris au sérieux.
Source: J Med Ethics doi:10.1136/medethics-2012-101304 Assistance in dying for older people without a serious medical condition who have a wish to die: a national cross-sectional survey
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