Lorsque l’administration se décide à faire respecter la loi, elle se heurte souvent à des lobby qui se prévalent d’une situation longtemps occultée pour en faire une pratique courante. C’est le cas des transporteurs touristiques ou plus exactement les transporteurs de minibus touristiques.
L’activité du transport touristique est régie par plusieurs textes juridiques, certains relevant du Ministère des Transports et d’autres du Ministère du Tourisme. Un métier certes complexe, mais qui a ses règles et que les intéressés sont tenus de respecter.
Parmi les textes, il existe un cahier de charge qui défini le parc minimum de véhicules que doit présenter une société de transport touristique pour obtenir les agréments y afférents. Les agences de voyages doivent faire appel aux sociétés de transports touristiques pour transporter leurs touristes que ce soit dans le cadre d’un transfert, un circuit ou une excursion. Le service est commandé par un voucher (bon de commande) explicitant la prestation auquel est joint la liste des passagers que remet le guide au chauffeur du véhicule. Il est à préciser, que les passagers doivent obligatoirement être des touristes étrangers, faute de quoi, il faut une autorisation complémentaire qui est du ressort du délégué des transports du lieu où le service est consommé.
Depuis quelques temps, la prolifération de minibus aux aéroports a provoqué l’ire des chauffeurs de taxis qui ont dénoncé une concurrence déloyale. Sur cette base, la gendarmerie a exigé des transporteurs touristiques de respecter la loi et de présenter les fameux vouchers à chaque contrôle. Ce qui n’a pas manqué de provoquer des PV en cascades avec immobilisation des véhicules et amendes.
Cette situation qui prévaut depuis quelques mois a finit par provoquer un conflit entre transporteurs et taxi avec des piquets de grèves répétitifs de la part des transporteurs touristiques qui finissent par immobiliser l’activité et empêcher les touristes d’effectuer leurs visites. Et c’est l’agent de voyage réceptif qui en paie les frais, car lorsque la grève est déclenchée, aucun véhicule ne peut circuler sous peine d’être caillassé par les grévistes.
Ce qu’il faut savoir, c’est que ces mouvements sont provoqués par des transporteurs « indépendants », comprendre par là des personnes qui louent des agréments moyennant un forfait mensuel et qui contournent la loi, en mettant les véhicules au nom des véritables propriétaire des agréments. Il existe ainsi une multitude de micro sociétés de transport touristique et c’est elles qui posent problème aujourd’hui.
Aujourd’hui, ces indépendants se sont regroupés au sein d’associations, revendiquent le droit d’exercer et demandent même des dérogations au Ministère du Tourisme pour être dispensé du fameux voucher. En clair démarcher directement des touristes, aux aéroports, devant les hôtels, dans les rues et organiser eux mêmes des excursions et des circuits. Ce qui n’est pas de l’avis des voyagistes qui ont saisi le Ministère du Tourisme sur les risques d’une telle dérogation.
Dans le cadre de l’équilibre des acteurs, le ministère du Tourisme et celui de l’équipement devraient veiller à ce qu’il n’y ai pas d’empiétement des uns sur les autres:
Commencer par régler ce problème de location d’agréments, en attribuant les agréments à ceux qui les exploitent réellement et faire émerger des micro entrepreneurs avec un cahier de charge qu’ils devront respecter scrupuleusement sous peine de retrait.
Autoriser les agences de voyages, sous couvert de leur licence, d’exploiter des véhicules de transport touristiques exclusivement pour leurs clients sans pour autant les obliger à créer des sociétés à part.
En finir avec cette ségrégation entre touristes et nationaux, dans le cadre d’un voyage organisé, excursion ou circuit ce qui est valable pour les uns doit l’être pour les autres, sans quoi, il serait vain de parler de tourisme interne.