Publié le 15 décembre 2013 par Universcomics
@Josemaniette
La mort, pour le super-héros, est
pratiquement un passage obligé. Pas seulement pour de basses raisons
économiques, dictées par l'éditeur, mais parce que le sacrifice ultime est la condition
sine qua non pour que le héros puisse être définitivement reconnu en
tant que tel. Que risque vraiment Superman, par exemple, dont l'invincibilité,
la force, font un surhomme au dessus de toutes les menaces qu'il peut devoir
affronter. Certes, les auteurs, au fil des ans, ont mis au point le classique
subterfuge célèbre depuis l'antiquité grecque, depuis le "talon
d'Achille", c'est à dire pour Superman un morceau de kryptonite. Mais pour
le reste?Alors quand
Doomsday marche sur Metropolis, brise les membres de la Ligue de Justice qui
s'opposent à lui (des seconds couteaux, il faut bien le dire) et porte l'homme
d'acier à bout de bras, avant de le projeter sur les hélicoptères de la presse,
on comprend que cette fois-ci, nous allons avoir la certitude que Superman est
bien un héros, qu'il va mettre sa propre existence en jeu, pour le bien
l'humanité. Il n'en oublie pas pour autant de sauver les innocents pris dans le
feu de l'action, mais le baiser et les paroles échangés avec Lois Lane, sa
femme dans le civil, ne laissent personne indifférents : on a compris qu'il a
compris. Que cette fois, l'issue sera tragique, que Superman, sanguinolent
comme jamais, peut et doit connaître la défaite. Doomsday, de toutes façons,
avait déjà un patronyme qui était tout un programme. Superman hurle, Superman
souffre, Superman parvient aussi à vaincre, puisque son dernier coup, là où il
donne tout, permet également de stopper Doomsday, de mettre un terme à sa folie
meurtrière. Le costume en lambeaux, la cape déchirée utilisée comme un étendard
sanglant, planté sur un champ de bataille, Superman meurt entre les bras de son
épouse, sans que personne ne connaisse vraiment les liens amoureux qui unissent
ces deux-là, et sous l'objectif de Jimmy Olsen, qui immortalise l'instant pour
les médias, à qui rien ni personne ne peut échapper, pas même la pudeur, la privacy,
comme on dit aujourd'hui. Dan Jurgens (épaulé par Brett Breeding) s'occupe de raconter tout cela, du texte
aux dessins, en usant de pleines pages spectaculaires, truffées d'actions, de
sang, de chocs, alternant le combat fatal de Superman et l'angoisse de ses
proches. Les expressions des visages flirtent souvent avec le grotesque,
l'effroi, comme pour souligner d'avantage l'impensable, l'horreur de ce
comic-book qui marqua son temps, son époque. Une couverture légendaire, pour un
épisode présent dans le récent "La mort de Superman" tome 1,
chez Urban Comics, déjà chroniqué sur ce blog.