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La mort, pour le super-héros, est pratiquement un passage obligé. Pas seulement pour de basses raisons économiques, dictées par l'éditeur, mais parce que le sacrifice ultime est la condition sine qua non pour que le héros puisse être définitivement reconnu en tant que tel. Que risque vraiment Superman, par exemple, dont l'invincibilité, la force, font un surhomme au dessus de toutes les menaces qu'il peut devoir affronter. Certes, les auteurs, au fil des ans, ont mis au point le classique subterfuge célèbre depuis l'antiquité grecque, depuis le "talon d'Achille", c'est à dire pour Superman un morceau de kryptonite. Mais pour le reste? Alors quand Doomsday marche sur Metropolis, brise les membres de la Ligue de Justice qui s'opposent à lui (des seconds couteaux, il faut bien le dire) et porte l'homme d'acier à bout de bras, avant de le projeter sur les hélicoptères de la presse, on comprend que cette fois-ci, nous allons avoir la certitude que Superman est bien un héros, qu'il va mettre sa propre existence en jeu, pour le bien l'humanité. Il n'en oublie pas pour autant de sauver les innocents pris dans le feu de l'action, mais le baiser et les paroles échangés avec Lois Lane, sa femme dans le civil, ne laissent personne indifférents : on a compris qu'il a compris. Que cette fois, l'issue sera tragique, que Superman, sanguinolent comme jamais, peut et doit connaître la défaite. Doomsday, de toutes façons, avait déjà un patronyme qui était tout un programme. Superman hurle, Superman souffre, Superman parvient aussi à vaincre, puisque son dernier coup, là où il donne tout, permet également de stopper Doomsday, de mettre un terme à sa folie meurtrière. Le costume en lambeaux, la cape déchirée utilisée comme un étendard sanglant, planté sur un champ de bataille, Superman meurt entre les bras de son épouse, sans que personne ne connaisse vraiment les liens amoureux qui unissent ces deux-là, et sous l'objectif de Jimmy Olsen, qui immortalise l'instant pour les médias, à qui rien ni personne ne peut échapper, pas même la pudeur, la privacy, comme on dit aujourd'hui. Dan Jurgens (épaulé par Brett Breeding) s'occupe de raconter tout cela, du texte aux dessins, en usant de pleines pages spectaculaires, truffées d'actions, de sang, de chocs, alternant le combat fatal de Superman et l'angoisse de ses proches. Les expressions des visages flirtent souvent avec le grotesque, l'effroi, comme pour souligner d'avantage l'impensable, l'horreur de ce comic-book qui marqua son temps, son époque. Une couverture légendaire, pour un épisode présent dans le récent "La mort de Superman" tome 1, chez Urban Comics, déjà chroniqué sur ce blog.