Le principe de ce nouveau genre de calculateur constitue une véritable révolution pour l'informatique. Utilisant les propriétés de la mécanique quantique, il remplace les notions classiques de bit (dont la valeur est 0 ou 1) par des « qubits » capables d'adopter les 2 valeurs simultanément. Cette capacité à gérer des états intermédiaires (et leurs dépendances) lui permet de traiter des problématiques inaccessibles aux processeurs classiques, notamment dans la manipulation de données massives.
Ses caractéristiques en font donc une solution de choix pour les besoins d'analyse d'information, voire d'auto-apprentissage. Des usages dans lesquels les performances de la machine de D-Wave peuvent se révéler 100 000 fois supérieures à celle d'un processeur classique. Les applications de ce type ne manquent pas dans les institutions financières, par exemple pour la simulation des risques ou le pricing des instruments complexes, la détection de fraude ou la prédiction des comportements des consommateurs…
Or, au-delà des rêves, le concept est désormais une réalité. Le système de D-Wave est une armoire imposante (occupant 10 m2), isolée de tout champ magnétique, dont la « puce » qui en constitue le cœur, de la taille d'un processeur classique, fonctionne à 0,1 Kelvin. En dépit d'exigences importantes en termes d'ingénierie et de maintenance, le fonctionnement à très basse température (avec des matériaux supraconducteurs) a un avantage inattendu : l'efficacité énergétique est excellente.
Pour les utilisateurs potentiels qui ne souhaiteraient pas investir dans une installation de cette ampleur, la jeune société propose un accès à ses propres serveurs en mode « cloud ». Autre effort particulier pour promouvoir l'adoption de sa technologie, D-Wave fournit des compilateurs pour les langages de développement standards (Java, C++, Python). Il ne faut cependant pas se leurrer : la programmation quantique est une discipline entièrement différente de celle que nous connaissons, qui requiert un sérieux apprentissage.
Rien ne permet de savoir si une institution financière utilise aujourd'hui (en production) ces ordinateurs mais il est certain que quelques-unes s'intéressent de près à la question. Goldman Sachs, qui a investi dans la société, est l'une d'elles. D'autre part, plusieurs partenaires seraient en train de développer des solutions clés en main pour la banque. Après tout, les établissements qui utilisent déjà des processeurs spécialisés (FPGA, GPU) dans leurs infrastructures sont largement en mesure d'intégrer d'autres technologies.
Enfin, en dehors des automates de trading, à l'heure où les « big data » prennent de l'importance, le calculateur quantique leur offrira-t-il aussi une nouvelle dimension ?