Le terme « rendement » est la plupart du temps mal interprété par beaucoup d’investisseurs. Il désigne au sens strict du terme la part de dividende payée par rapport au prix d’une action. Beaucoup de personnes qui cherchent à investir dans les dividendes se contentent de cette définition et recherchent les titres qui vont leur assurer le meilleur rendement possible. C’est une erreur car les actions ne sont pas des instruments financiers à revenu fixe. Les hauts rendements ont en effet toutes les chances de décliner, alors que c’est l’inverse pour les distributions plus modestes.
Le rendement change tous les jours en fonction du cours de l’action. Le rendement par rapport au coût d’achat (Yield on Cost – YOC – en anglais) est lui beaucoup plus stable. Il représente le rapport des dividendes versés par rapport à ce que vous avez payé pour le titre. Le coût est fixe et donc le ratio l’est aussi, tant que le dividende ne change pas. Mais si les dividendes augmentent avec le temps, le YOC augmente aussi. Bien évidemment, si le dividende se réduit ou éliminé, le YOC diminue.
En plus d’être stables, les revenus découlant des rendements croissants peuvent être très importants sur le long terme. Le rendement sur le coût d’achat vous montre ainsi combien d’argent votre investissement vous rapporte, quoi qu’il se passe sur le marché. En 2003, Chevron (CVX) s’échangeait à 43,50 $ et versait un dividende annuel de 1,43 $. Ce montant correspond à un rendement de 3,29%. Disons que vous ayez acheté 100 parts à l’époque pour un investissement total de 4’350 $. CVX a augmenté son dividende chaque année depuis 2003 (en fait depuis 25 ans), et elle verse aujourd’hui un dividende de 4.00 $ par action. Si vous n’avez pas acheté d’actions supplémentaires dans les 10 dernières années, le coût total est toujours le même, soit 4’350 $, ou 43,50 $ / action. Par conséquent, le rendement par rapport au coût d’achat est aujourd’hui de $ 4.00 / $ 43,50 = 9,2% ! Autrement dit, CVX offre aujourd’hui 3.3% de dividendes, mais les titres achetés en 2003 offrent eux du 9.2% !
Les bonnes entreprises sont celles qui ont tendance à avoir des ratios de distribution faibles. L’argent utilisé sous forme de dividendes ne représente qu’un petit pourcentage de leurs revenus. Il faudra un certain temps pour que le rendement sur coût d’achat soit compétitif avec les valeurs de rendement élevés, mais la stabilité des dividendes et leur potentiel d’appréciation font plus que compenser ce petit handicap.
La prochaine fois que vous voulez acheter une action à haut rendement pensez à cela :
- L’entreprise peut-elle se permettre de payer régulièrement un dividende ?
- Est-ce que la société a déjà abaissé ses dividendes par le passé ?
- Est-ce que les dividendes sont demeurés inchangés durant de très longues années ?
- Est-ce que le ratio de distribution trop généreux compromet la croissance future ?
- Est-ce que le ratio de distribution risque d’entraîner une baisse ou une coupure du dividende ?
Je vous ai dit en introduction ne bougeait pas tant que les dividendes ne changeaient pas. Ceci est vrai s’il l’on reste dans la même monnaie. Bien entendu si l’on touche des distributions dans une autre monnaie, comme le dollar, celle-ci peut avoir une certaine incidence sur le YOC. Pour cette raison il est important de sélectionner des titres qui réagissent favorablement à une baisse du billet vert. Les sociétés américaines fortement exportatrices par exemple, bénéficient d’un dollar faible, ce qui leur permet d’augmenter leurs ventes ou leurs marges, donc leur bénéfices, donc leurs dividendes et leur cours. Une baisse de la valeur en CHF d’un dividende causée par un affaiblissement du billet vert par rapport au franc suisse peut donc être compensée par une augmentation du dividende en USD.
Au moment d’écrire ces lignes, je possède 24 titres dans mon portefeuille. Actuellement le YOC de mon portefeuille se monte à 2.88%. Il a légèrement baissé, non pas tant à cause de la baisse récente de l’USD/CHF qu’à cause de trois achats effectués en 2013. En effet, je calcule mon rendement sur coût d’achat en divisant la valeur des dividendes touchés durant les douze derniers mois par la valeur d’achat des titres composant le portfolio. Ainsi ces trois derniers achats augmentent la valeur du capital acheté alors même qu’ils n’ont distribué qu’une toute petite partie de leurs dividendes. Sans cela, je me situerais aujourd’hui à un YOC de plus de 3%.
En utilisant mon modèle de projection, voilà les rendements que j’attends dans les années à venir:
- Aujourd’hui 3%
- 3 ans 4%
- 5 ans 4.8%
- 10 ans 7.7%
- 20 ans 20%
20% dans 20 ans… de quoi assurer tranquillement ma retraite. Mais je compte bien la prendre avant ! Et vous ?
Sources :
http://myfijourney.com/2013/03/01/the-difference-between-yield-and-yield-on-cost/
http://wealthartisan.com/yield-on-cost/
http://www.stockodo.com/dividend-yield-vs-yield-on-cost/
http://www.easysafemoney.com/yield-on-cost/
http://dividendsvalue.com/1122/yield-on-cost-measuring-for-success/