Après Aveugles, Sophie Calle revient à Istanbul. C’est encore le regard qu’elle interroge, qu’elle sonde. Qu’est-ce qui reste dans les yeux de quelqu’un qui voit pour la première fois la mer. Deux photos : l’une, de dos, montre la personne face à la mer ; l’autre, de face, montre la même personne dos à la mer. Une trop rapide vision de ces photos risque de ne rien laisser apparaître : nous sommes des aveugles devant ces regards. Et puis, laissant jouer le temps, une, deux minutes, on croit apercevoir l’étonnement, la stupeur, la joie, l’indifférence, l’interrogation. Je me souviens des questions que posait Sophie Calle aux dormeurs qu’elle installait dans son lit pour surprendre le rêve à la source du réveil. C’est toujours cette démarche : dans les yeux, ouverture sur le monde, y a-t-il quelque chose d’autre que l’image du monde ? y a-t-il quelque chose qui vienne du plus profond de nous-mêmes et qu’on pourrait déceler dans une photographie ?
L'exposition en lien avec cette publication présente quatorze vidéos de Caroline Champetier.