Alors qu’une première étude laissait entendre que Twitter influe sur le cycle de vie des publications scientifiques, une seconde appartenant à la chaire de recherche du Canada conclut à une non-relation entre les indicateurs des réseaux sociaux, en particulier Twitter, et les traditionnelles citations. Si les retombées diffèrent en fonction de la revue scientifique dans laquelle les articles sont publiés, la méthode mise au point par le collège de scientifiques montre dans quel cadre le nombre de tweets s’avère être une mesure valide dans le but de mesurer l’impact de la recherche. Résultat : la qualité scientifique n’aurait pas d’incidence. Ce seraient plutôt la relation à l’actualité ou le potentiel humoristique de la recherche qui conditionneraient l’écho social. L’impact serait donc mesurable sur le grand public mais pas au sein de la communauté scientifique.
Le compte Twitter peu efficace pour une communauté scientifique peu connectée
Les chercheurs ont pris pour échantillon 1,4 millions de documents relatifs aux sciences biomédicales couverts par les « collecteurs de citations » de référence PubMed et Web of Science entre 2010 et 2012. Le premier enseignement se trouve dans le fait que peu d’articles ont été mis à la connaissance des utilisateurs du site de microblogging. En effet, moins de 10% de ces articles ont été tweetés ne serait-ce qu’une seule fois. Cependant, on note une évolution de l’utilisation du réseau pendant la période puisque 20% des articles publiés en 2012 ont bénéficié d’au moins un tweet. Cependant avec moins de 2,5% de la communauté scientifique présente sur Twitter contre 8,7% du reste de la population américaine, les retweets sont faibles et au final les transformations en citations minces. Dans ces conditions, les tweets de comptes régulièrement alimentés ne bénéficient comparativement pas de plus de répercussions sur le réseau (0,2 tweet par article) que les tweets envoyés de comptes utilisés de manière sporadique (entre 0,2 et 0,3 tweet par article). Il n’y aurait donc pas de corrélation entre utilisation de Twitter et citations formelles pour les publications scientifiques selon cette étude.
Des citations liées à l’actualité ou à des fins humoristiques
Si la faible utilisation du réseau par les scientifiques et sa faible notoriété en tant qu’outil de communication scientifique ne mènent pas à la citation, le contenu pour le moins curieux voire humoristique de certains gazouillis impliquerait un grand nombre de partage. En fait, ce serait le grand public qui s’emparerait de ces tweets plutôt que la communauté scientifique. En d'autres termes, leur nombre de tweets ne semble pas être dû à leur contribution intellectuelle ou à leur qualité scientifique mais au côté cocasse de l’étude. Un autre facteur d’échos semble se trouver dans la relation entre la recherche scientifique et l’actualité relative à la santé. L’enjeu se situe donc en fait dans l’évaluation de l’audience pour montrer si oui ou non une publication relayée socialement peut être entendue en tant que partie prenante dans la mesure de l’impact de la recherche chez les scientifiques.