Lettre - Editions Nil - 107 pages - 8.50 €
Parution le 3 octobre 2013, rentrée littéraire
L'histoire : La narratrice, (l'auteure), rédige une lettre pour expliquer à l'homme qu'elle aimera toujours pourquoi, en dépit de ses sentiments, elle s'est enfuie de l'Eglise, quelques minutes avant que les voeux soient prononcés, la mariant à jamais.
Tentatrice : L'irrégulière
Fournisseur : Ma CB, achat compulsif au Furêt du Nord en présence de Liliba qui n'a rien fait pour m'arrêter !!!!!
Mon humble avis : Depuis maintenant quelques années, la collection "les affranchis" demande à des écrivains d'écrire la lettre qu'ils n'ont jamais écrite. La narratrice vivait une relation amoureuse avec un homme marié. Celui ci s'est séparé de sa femme pour l'épouser et lui demandait même un enfant. Ce n'est pas ce qu'elle souhaitait, alors, elle s'est enfuie, ne regrettant que l'amour total qu'elle vouait, et voue toujours à cet homme.
J'ignore si j'ai adoré cette lecture au point de lui attribuer 4 étoiles, mais je sais que c'est un livre incontournable, nécessaire, une "utilité publique" (comme me l'a "vendu" mon amie l'Irrégulière).
Parce que Pia Petersen s'adresse à toutes et à tous. Femmes célibataires, mariées, séparées, mères ou non mères. De même pour les hommes. Elle remet les pendules à l'heure et les choses à plat. Au diable l'hypocrisie d'un modèle social archaïque qui régit toujours une société en pleine mutation, un modèle imposé à tous quelques soient les envies, besoins (....) de chacun. On peut juste avoir besoin d'amour ou aimer avec passion sans forcément signer de contrat, ce fameux contrat de mariage qui est soit disant signé pour la vie et devant Dieu et qui se réduit en cendre à la moindre occasion, parce que justement, maintenant, les mariages se font par amour et non par raison ou pour celler une quelque alliance entre deux familles, deux pays.... On peut ne pas souhaiter d'enfant, ne pas pouvoir en avoir, ne pas s'en sentir capable, trouver le monde trop dur pour l'imposer à un enfant. Oui, intérieurement, on peut. Mais socialement, on devrait pouvoir.... Car une femme qui n'a pas d'enfant passe au yeux des autres pour une égoïste, une incapable, une éternelle adolescente... qui de toutes façons ne peut pas comprendre.... puisqu'elle n'a pas d'enfant. Mais non ! Et ce sont les femmes elles mêmes qui vont porter le jugement le plus dur envers leurs semblables.
Pia Petersen rappelle que dorénavant, la femme n'est pas obligée d'enfanter pour être une femme, pour s'épanouir, pour exister, pour être heureuse, pour mériter le respect et non un regard écarquillé ou une expression de pitié.
Je n'ai pas d'enfant et n'en n'aurais pas. Des problèmes de santé et l'âge qui ne recule pas... Et puis pas d'amour partagé. L'année dernière, un de mes neveux m'a dit "tu n'es pas une femme, tu n'as pas d'enfant". Il parait que je dois mettre cette remarque sur sa jeunesse (6 ans l'an dernier), mais il n'empêche que cela traduit bien l'image qu'on lui a appris : femme = maman et rien d'autre. Des collègues m'ont aussi dit " t'as de la chance d'être célibataire car " :
-1ère collègue : je peux faire du shopping quand je veux
- 2ème collègue : je ne suis pas obligée de faire à manger tous les soirs
- 3ème collègue : j'ai une vie excitante (parce que je vais souvent au ciné !!!)
Bref, il faudrait vraiment que tout le monde s'attable, échange sur le sujet, et surtout écoute ce que l'autre dit... ou ne dit pas. Que chacun cesse d'aligner ses besoins et sa logique sur les siens propres. Ce n'est pas parce qu'une femme est sensée se marier que toutes ont envie de le faire, que le bonheur passe forcément par le mariage.
Avant d'être une femme socialement parlant, la femme est avant tout un individu et un être humain. Il ne faut pas l'oublier, ni en Europe, ni au Moyen Orient...
Pia Petersen argumente tout cela avec beaucoup d'intelligence et à force d'analyses sociétales. Même si je ne suis pas forcément d'accord avec tous ses propos, il faut reconnaitre que ce petit livre est un formidable appel à la tolérance, au respect des différences. Regardons et observons l'autre pour le comprendre, pas pour le juger.
En traitant des sujets comme l'adultère, le mariage, le désir ou le non désir de maternité, l'épanouissement par d'autres biais que ceux dictés par la société, Pia Petersen revendique sa liberté de femme, sa liberté d'Etre loin de toute idée "bien-pensante".
Les avis d'Asphodèle, de Cynthia et de L'Irrégulière