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Nouveau générique, nouveau format de saison (10 épisodes), plus de pause de 3 mois, South Park revenait avec de nouvelles ambitions cette année et soyons clair, Stone et Parker ont mis les petits plats dans les grands pour nous offrir une des meilleures saisons depuis longtemps. Une des meilleures saisons tout court.
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La tendance était à une baisse du niveau général depuis quelques années (on en parlait ici et ici) , laissant même planer le doute sur un possible arrêt de la série au bout de la 15e édition. Si finalement les créateurs ont signé pour deux ans supplémentaire, on ne peut décemment pas dire que la saison 16 a ravivé la flamme. Certes, elle contenait son lot de bons moments mais le sentiment de redondance ne s’évaporait pas pour autant.
Cette 17e saison a levé tout les doutes. South Park a repris des couleurs, redoré son blason en réutilisant ses bonnes vieilles recettes de grand-mère: se servir dans l’actualité chaude, taper sur des personnalités et aller le plus loin possible dans les délires provocants de ses personnages.
Si les fans n’ont pas tous apprécié le passage de 14 à 10 épisodes, le fait est qu’en concentrant leur énergie sur un nombre moindre de passage télé, Stone et Parker ont eu tout le loisir de remplir comme il le fallait chaque sortie. Et les mathématiques ont une logique implacable: avec moins d’épisodes, tu as moins de chances d’en faire des mauvais. Certains esprits répliqueront qu’avec moins d’épisodes, tu as aussi moins de chances d’en faire des bons. L’histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide.
Sauf que la statistique est là: sur les dix, il y en quatre ou cinq qu’on peut d’ores et déjà ranger dans les classiques de la série. Un taux de 50% donc. Quelle autre saison (mise à part l’immense cinquième) peut se targuer de contenir toute une moitié d’excellents épisodes ?
Alors qu’avec le tarif habituel, on aurait peut être eu deux, trois sorties assez neutres, dans le ton du moyen-bien Goth Kids 3: Dawn of the Posers.
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Comme sus-nommé ci-haut, cette saison contient un lot de must-have assez impressionnant.
Nommons tout d’abord l’un des meilleurs « Cartman‘s episode », World War Zimmerman où notre ami ressort sa plus belle panoplie de raciste. Mélangeant le fameux film World War Z et l’affaire George Zimmerman, Eric se retrouve dans la peau de Brad Pitt combattant une attaque de zombies. Zombies ici représentés par la population noire évidemment. On atteint des sommets de conneries et d’ironies à hurler de rire comme à la belle époque.
Il y a également le très bon Taming Strange où Ike, le petit frère de Kyle, traverse une crise de puberté dans son corps de bébé. Là encore, c’est du WTF en barre, Miley Cyrus en prend une petite derrière la tête juste pour le plaisir, tout comme le peuple canadien, une fois de plus.
Mais la colonne vertébrale de cette saison – remontant également les audiences de la série – c’est cette immense trilogie Black Friday/A Song of Ass and Fire/Titties & Dragons où tout le « casting » de SP s’en donne à cœur joie dans une parodie de Game of Thrones où s’affrontent deux clans: les pros PS4 vs les pros XBox One. Du petit lait. On y retrouve le Cartman calculateur, l’amitié Kyle/Stan remise en cause, Butters énervé, Randy Marsh en policier et Kenny en princesse de manga. Tout simplement du grand art. Un concentré de tout ce qui fait la force de la série pour trois épisodes de haute volée et de niveau équivalent (ce qui n’a pas toujours été le cas dans les « sagas » de South Park), même si la fin est un peu envoyée par-dessus la jambe. Mais c’est une sorte de signature plus que du bâclage.
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Et comme si cela ne suffisait pas, Parker et Stone ont décidé de finir en beauté avec un invité spécial: Kanye West. Un final parfait, dans la stricte lignée qualitative de la saison où le rappeur vient défendre la réputation de sa fiancée Kim Kardashian traitée de hobbit. « Aquaman » s’avère être la meilleure guest-star possible pour le show actuellement tant il y a à faire sur lui et son couple. Forcément, son dernier clip Bound 2 est (joliment) parodiée et fera le tour des Internets.
Kanye West n’est pas le seul guest de la saison, on retrouve Alec Baldwin, Bill Gates, George R.R Martin (le créateur de Game of Thrones), une sorte de Brad Pitt, une Miley Cyrus dans le corps de « Foofa ». Ce retour aux sources fait plaisir et n’est sans doute pas étranger au succès de la saison. Tout comme la réactivité des auteurs face à l’actualité. On retrouve traités des sujets tels que la NSA, Twitter, Obamacare, la sortie des PS4 et Xbox One, World War Z, l’affaire Treyvon Martin, la sortie du deuxième volet de The Hobbit et Bound 2.
Une véritable force d’appropriation qui permet de voir un regard détourné sur différents événements intervenus durant l’année. Là aussi, un retour à la base bienvenue.
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On le dit et on le répète, cette saison doit être vue de tous. Si vous n’êtes pas forcément un assidu ou un fan déçu, on ne saurait que trop vous conseiller les aventures d’un Cartman en forme, des Butters et Randy Marsh (Informative Murder Porn!) toujours un peu plus géniaux, d’un Kenny retrouvé et des autres, tout aussi bons. Le chant du cygne ou un vrai retour au premier plan ? Peut importe, profitons.
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