PARIS, par Ralph Bechani
Dès l'arrivée au pouvoir de la gauche en mai 2012, le pouvoir socialiste a rapidement pris en main le dossier épineux du rôle du CSA - Conseil supérieur de l'audiovisuel. Objectif, (ré)affirmer son indépendance après cinq ans d'une politique autocentrée sur les pouvoirs de l'ex-président Nicolas Sarkozy.
Après la nomination d'un nouveau président, Olivier Schrameck, le 23 janvier 2013, succédant ainsi à Michel Boyon, le CSA a, depuis, largement imposé sa nouvelle vision, notamment s'agissant de la radio FM et numérique.
Deux décisions importantes ont été prises en cette fin d'année. L'une concerne le seuil de concentration des radios, tandis que la seconde doit donner une première impulsion au déploiement de la Radio Numérique Terrestre en France. La Suisse, l'Angleterre, les Etats-Unis ou l'Allemagne notamment ayant déjà déployé leur spectre digital.
Une méthode de calcul contestée
Le CSA a donc adopté le 12 décembre 2013 une nouvelle méthode de calcul de couverture des réseaux. Elle permet de calculer combien de Français chaque radio touche dans le pays. Jusqu'ici elle était fixée par loi et il était bien difficile de la modifier. Désormais le CSA est libre de faire comme bon lui semble.
Conséquence directe : les grands groupes privés tels, NRJ, Lagardère Active, RTL et NextradioTV, pourraient retrouver des marges de manœuvres significatives pour procéder à de nouvelles acquisitions. NRJ rachetant Virgin Radio ou Skyrock. Nova, Sud Radio, Oui FM et FG se verraient avaler par RMC ou RTL...
Pour l'heure, il s'agit de simples inquiétudes, voire des propos spéculatifs hâtifs, sans trop d'importances.
Dans un communiqué, le SIRTI, parle d'une nouvelle méthode de calcul qui abaisse artificiellement la population couverte par les principaux groupes de plusieurs dizaines de millions d'auditeurs potentiels. Tout en rappelant que cette décision remplace une nouvelle méthode précédente mise en place par le CSA en 2010 seulement.
"Le CSA prend ainsi le risque d'ouvrir immédiatement un épisode de concentration dans le média radio, en se privant de la seule arme qui lui permet de s'y opposer", selon le syndicat interprofessionnel des radios et télévisons indépendantes.
"Un risque pour le pluralisme et la diversité culturelle", ajoute le communiqué.
En y regardant de plus près, nous ne sommes pas certains qu'il faille s'inquiéter outre mesure de voir le seuil de concentration des radios analogiques indexé sur l'évolution démographique.
Le CSA s'approprie ainsi un pouvoir décisionnaire, auparavant limité par la simple loi sur les communications. Désormais il peut redistribuer les cartes sur la FM en régulant l'attribution des fréquences de manière plus démocratique et tout en ayant la main sur tous les aspects économiques, juridiques, culturels et démographiques.
Contrairement à Nicolas Sarkozy, François Hollande a donné pour mission au CSA de s'affranchir tant bien que mal du pouvoir politique, industriel et des lobbys radios, pour assumer son rôle premier et entier de régulateur dans un souci d'indépendance.
Preuve s'il en est, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel vient d'ouvrir un appel aux candidatures pour la nomination du président de Radio France. Il se prononcera au plus tard le vendredi 7 mars 2014.
En mai 2009, c'est l'Elysée qui avait directement nommé Jean-Luc Hees à la présidence des radios du service public, idem pour le président de France Télévisions en 2010, Rémy Pfimlin.
Reste à voir comment les opérateurs radios vont se positionner pour assurer leur croissance, leur développement, et relever le défi de la numérisation qui s'annonce.
La RNT va démarrer ses premières émissions
Près de dix ans après les premières consultations publiques sur la RNT, le 12 décembre 2013 le Conseil supérieur de l’audiovisuel a enfin fixé au vendredi 20 juin 2014 la date de démarrage des émissions des éditeurs autorisés en radio numérique terrestre dans les zones de Marseille, Nice et Paris.
Elle est fixée au moins six mois à l’avance conformément aux décisions d’autorisations délivrées en janvier 2013 ; ce délai doit permettre aux éditeurs de services de radio et aux opérateurs de multiplex de mener l’ensemble des opérations techniques et commerciales nécessaires au lancement des services.
Une décision qui s'applique en dépit de l'absence de Radio France et de l'opposition des grands groupes privés nationaux. Comme pour la débâcle de LCI avec la TNT, absente de l'offre gratuite, cette décision pourrait prendre un tournant commercial potentiellement dommageable pour ces opérateurs qui n'ont eu de cesse de retarder l'inéluctable.
Dès lors, les constructeurs autos, principalement, et les fabricants de postes de radio vont pouvoir, eux aussi, déployer leurs nouvelles offres. Des gammes de produits à l'image de la TNT pour la télévision.
Des campagnes de publicité, de promotion et d'information doivent aussi venir renforcer ce lancement, sans quoi la RNT aura peu de chances de séduire ses auditeurs potentiels, déjà bien rodées à l'écoute de la FM depuis plus de 30 ans et surtout à celle des radios en ligne, en pleine croissance, qu'elles soient ou non présentes sur la FM.
Les nouvelles radios de la RNT
En plus des radios historiques, automatiquement autorisées, 31 nouvelles stations seront disponibles à Paris, 53 à Marseille ainsi qu'à Nice :
Jazz Radio, Évasion, FG CHic, Radio Crooner, Goom Radio, Euronews Radio, Antinéa Radio, k Phare FM, World Radio Paris, Radio Mandarin d'Europe, Fréquence India, Raje Paris, PIMG Radio, Medi 1 France, 2RF Radio Russie France, LCF La Chine en Français, Music Box, Émotion FM, Radio Life, Goom Hits, Trace Radio, Paname, Ouï Collector, Cap Sao, Radio Tèr, Séquence FM, Top Music, Positive Radio, Radio Monaco, Vitamine et On'R.
Note - Médiamétrie : l'écoute de la radio en France est en nette baisse pour la période septembre/octobre 2013, de 82,7% l'an passé le chiffre est désormais de 81,2%
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