La loi de programmation militaire n’a pas fini de faire couler de l’encre. Une loi, au pays des droits de l’homme, qui ouvre un accès béant vers nos données privées numériques, c’est effrayant. On est de plus en plus proches de l’idée que l’on se faisait du monde selon Orwell.
A ce sujet, je ne peux que vous encourager à (ré)écouter l’émission de la grande table ce midi traitant du thème Peut-on échapper à la société de surveillance?
Réfléchir sur le sujet m’amène à effectivement avoir froid dans le dos même si au final (de mon point de vue) la seule évolution majeure est le fait que le verrou du juge a sauté. Ce qui est vraiment intéressant ici c’est la façon avec laquelle le « grand public » découvre cette question. C’est vrai que les Edward Snowden ou précédemment Julian Assange ont jeté un halo de lumière sur les faits. Mais, après tout, depuis combien de temps les défenseurs de l’Internet libre s’égosillent-ils à prévenir les gens? Pour rien, dans le vent… C’est même assez amusant de voir que les mêmes journaux qui prenaient ces défenseurs pour des fous illuminés font maintenant leurs choux gras des affaires web-sécuritaires (prismes, espionnages de la NSA, etc.).
Alors maintenant tout le monde s’affole. Ça devient dangereux d’utiliser Internet (ça faisait longtemps…) alors on pousse les haros sur les réseaux sociaux et l’Internet des objets. Bref, avoir une identité numérique devient presque critique…
Alors je vous propose de replacer les choses dans leur contexte :
- Oui, à partir du moment où nous sommes connectés sur un réseau planétaire, nous sommes tous susceptibles d’être espionnés. Cela tant par notre propre gouvernement que par des pirates en quête d’informations et d’argent à détourner…
- Non, notre identité numérique n’est pas une bombe prête à nous exploser au visage.
A dire vrai, il y aura toujours une petite part de notre vie numérique qu’il faudrait pouvoir garder sous scellées. Sur ce point, je ne suis pas sûr d’être très rassurant, je suis le premier à m’en inquiéter (le jour ou le gouvernement décidera que les marshmallows sont une arme de destruction massive, mes mails vantant les mérites de cette friandise vont-ils m’envoyer en prison?). Pour autant, il est une part majeure de notre identité numérique qui ne mérite pas d’être diabolisée mais qui devrait plutôt être comprise et encadrée.
« Facebook est le mal! Twitter ça craint! Tout ce qu’on y met nous met en danger? Avec ces affaires, ça fait froid dans le dos d’avoir un compte en ligne! » Je caricature mais c’est très proche d’un certain état d’esprit qui se développe. Personnellement, je trouve ça très drôle. Le danger n’est pas le couteau mais l’usage qui en est fait.
Je comprends et suis d’accord avec les personnes qui jugent préférable de ne pas avoir un compte sur un réseau social plutôt que d’en faire un mauvais usage. C’est un contrôle comme un autre et c’est bon de connaitre ses limites. Je pense surtout qu’il est en fait impératif de comprendre ce qu’implique son identité numérique. L’utilisation outrancière et ridicule des réseaux sociaux ne peut que desservir son utilisateur. Alors, si l’on désire se décomplexer quant à son identité numérique, je ne saurais qu’insister sur ces conseils:
- considérez votre vie numérique comme publique. Même en sécurisant son compte, nos données peuvent filtrer et, de tout façon, dans l’immense majorité des cas vous avez rétrocédé toute propriété de vos données en souscrivant à un service en ligne.
- faites preuve de bon sens : si vous ne voulez pas que votre réputation IRL soit entachée par votre e-réputation, considérez les 2 comme un seul élément. J’en parlais ici, tout ce que vous publiez sur Internet pourra à tout moment être connu. Ne publiez que ce que vous seriez capable de publier devant votre mamie, votre maman ou votre patron.
- utilisez et ne subissez pas. Puisque vous connaissez la diffusion possible de votre identité numérique, autant choisir ce que vous désirez publier. Vous êtes tout à fait capable de décider l’image que vous donnerez de vous même en contrôlant ce que vous publiez à votre sujet (tapez Timothée Laisne sur Google, vous verrez, c’est possible).
- cloisonnez : ne publiez en aucune façon sur des services de cloud des données qui n’appartiennent qu’à la vie privée. Certain C’est très imparfait mais c’est déjà ça!
Finalement, si on part du postulat qu’en connaissant ce qui nous arrivera on saura s’en prémunir, on peut en toute décomplexion accepter son identité numérique. Vous ne trouvez pas?