Suspense, frisson et horreur !!, 3 histoires pour lecteurs
avertis, 108 pages tout en couleurs et sans aucune concession,
violence 100 % graphique. Voilà ce qu'on peut lire sur la
couverture du 4ème numéro de Doggybags. Autant dire que si vous
vous lancez dans l'aventure de cette bande dessinée hors normes qui
n'est pas sans rappeler les contes de la crypte et autres pulps de la
belle époque – les influences ne manquent pas - vous devez savoir
à quoi vous en tenir.
Trois histoires donc qui vont puiser leur source dans les contes et
légendes urbaines ou bien même dans notre actualité... En entrée
une histoire au titre russe dont je serais bien incapable de vous
prononcer -heureusement les auteurs ont bien voulu nous le traduire :
« sélection » – qui raconte le naufrage d'un armateur
véreux sur une île déserte. Il est le seul survivant avec sa toute
récente épouse et un golgoth russe, ancien cuisinier qu'il avait
viré la veille même de leur déconvenue. Et, comment dire, la
cohabitation ne se fera pas sans heurts... Ensuite, en plat
principal, Lady in white,. Un couple paumé en pleine nuit dans une
forêt de l'Oregon croise le chemin d'une dame blanche qui pourrait
être annonciatrice de bien des dangers... mais est-ce seulement une
dame blanche ? Appeler de l'aide peut en tout cas coûter bien
cher... Et enfin, en dessert, si tant est que votre estomac ait tenu
jusque-là, une interprétation toute personnelle des auteurs
retraçant la capture d'Oussama Ben Laden. Vous en voulez des
frissons et de l'horreur, vous allez être servis!
Autant vous le dire tout de suite, quand j'ai appris que le 4ème
tome de Doggybags allait sortir dans toutes les bonnes librairies BD,
j'ai commencé par importuner mes voisins en brisant miroirs et
vitres de mon appartement de ma voix dont... dont mes proches redoutent le
timbre dès que je me mets à chanter. Une fois mon forfait accompli,
une fois ma respiration revenue, j'ai appelé tous les amis que
j'avais déjà pris le soin de contacter – harceler ? – pour
la parution du deuxième et du troisième...
Aussi vous ne m'en voudrez pas si je ne m'appesantis pas spécialement
sur les histoires contenues dans ce quatrième tome. Je vais
vous parler de Doggybags dans son intégralité. Car, oui, Doggybags c'est un tout. Des histoires qui font peur, des
histoires élevées à la violence et trempées dans le sang. Rien
de gratuit pour autant. Au-delà de cet aspect on devine l'hommage à
la littérature fantastique et d'horreur. Le format des doggybags
est à lui seul évocateur. Semi-poche, à la couverture faussement
usée, on trouve aussi à l'intérieur de fictives publicités
totalement délirantes aux dessins qui fleurent bon les années 50
(pour exemple : construis ton minilabo de crystal meth : une
superbe introduction au monde merveilleux de la chimie, 33 dollars 99
+ frais d'envoi – avec coupon à découper) ; sans parler des
dossiers thématiques en rapport avec les histoires elles-mêmes...
La vérité est dans les détails, dit régulièrement Stephen King.
Ici, la maxime s'applique à bien des égards et s'avère si sensée
qu'on se plonge dans ces histoires avec la même avidité qu'on
pouvait avoir en regardant les films interdits au cinéma du haut de
nos quatorze ans quand il en fallait seize, ou des lectures nocturnes
à la lampe de poche, des histoires qui nous empêchaient de dormir.
Bon maintenant, j'ai l'âge de lire Doggybags mais le plaisir est
intact, mâtiné d'une fascination /répulsions tout à fait intense
et savoureuse. Faites tourner !
DoggyBags 4, de Singelin, Run, el diablo et Nicolab, Ankama éditions (Label 619), 2013, 120 p.