Plus que jamais, Marine Le Pen est prête à tout pour dédiaboliser le Front national. La mort de Nelson Mandela a de nouveau été l’occasion de s’en apercevoir. En effet, face à l’unanimité des hommages rendus à l’ancien président de l’Afrique du Sud, l’eurodéputée a préféré jouer la carte du calcul politique, plutôt que d’assumer clairement les positions de son parti. Difficile de s’attaquer à une icône mondiale et transgénérationnelle, symbole de paix et de réconciliation. Ainsi, hypocrite, elle s’est jointe à l’odieux bal des faux-culs auquel nous avons droit depuis près d’une semaine, en affirmant dans un court communiqué saluer la mémoire de Madiba. Pourtant, son parti a toujours été très critique voir même hostile à son égard….
Mandela, un terroriste qui pour le FN ne mérite même pas qu’on lui attribue le nom d’une rue
En rendant hommage à Nelson Mandela, Marine Le Pen souhaite une fois de plus brouiller les pistes. Tout ce qui participe à la campagne de dédiabolisation du Front national est pour elle bon à prendre. Malheureusement les faits sont têtus.
En 1990, Jean-Marie Le Pen, actuel président d’honneur du parti, affirmait au sujet de Mandela avoir « une espèce de méfiance à l’égard des terroristes quel que soit le niveau auquel ils situent ». Des propos particulièrement violents, qu’il n’a jamais renié et que sa fille n’a à ce jour toujours pas condamné.
Inutile cependant de remonter aussi loin dans le temps pour constater l’hostilité du FN envers l’ancien président sud-africain. Le 13 janvier dernier, lors d’une manifestation contre la loi sur le mariage pour tous, différentes personnalités frontistes, dont Marion Maréchale-Le Pen et Gilbert Collard, ont défilé dans les rues de Paris. A leur côté se trouvait Nick Griffin, le leader du parti britannique d’extrême droite BNP.
Homophobe, raciste, négationniste, il avait reçu le soutien de Jean-Marie Le Pen lors des élections européennes de 2004. Ce dernier avait même traversé la Manche pour l’épauler lui et son parti. Il avait à cette occasion déclaré, « j’espère qu’ils seront élus et formeront avec nous les éléments du groupe nationaliste au parlement européen ».
C’est ce même homme, soutenu par le Front national, qui a déclaré sur Twitter le 12 juin dernier : « Dernière ligne droite pour le saint Nelson Mandela, apparemment. Évitez la BBC quand ce vieux terroriste va crever : ce sera à vomir ». Là encore, on est loin de l’icône de la paix décrite par Marine Le Pen.
L’écart béant entre les déclarations de l’actuelle présidente du FN et la réalité de ce parti se retrouve aussi dans l’attitude honteuse de la mairie de Vitrolles en 1997. En effet, fraichement élu sous l’étiquette frontiste, Bruno Mégret avait à l’époque pris la décision de renommer certains espaces de la ville. Ainsi, la place Nelson Mandela, comme le square Dulcie September furent transformés en place de Provence et en square Marguerite de Provence.
Tant d’attitudes qui ne laissent planer aucun doute sur ce qu’est le FN. Marine Le Pen peut toujours multiplier les communiqués, jamais ils n’effaceront toute cette haine. D’autant que son parti n’a pas fait qu’insulter Nelson Mandela, il l’a aussi combattu en soutenant le régime de l’apartheid.
Jean-Pierre Stirbois et Jean-Marie Le PenLa connivence évidente du Front national avec le régime de l’apartheid
Il y a tout d’abord des déclarations effrayantes. Celles de Jean-Marie Le Pen qui affirmait en 1990, « le système de l’apartheid était un système de développement séparé. Peut-être était-ce une utopie ». Mais aussi celles toutes récentes de Bruno Gollnisch, membre du bureau politique du FN : « Le régime afrikaner était de loin un moindre mal ».
Il y a ensuite et surtout, un véritable soutien politique affiché à l’Assemblée nationale. En 1987, alors qu’il possédait près de 35 députés, la FN a par la voix de son numéro 2 de l’époque, Jean-Pierre Stirbois, appelé à la fin de l’embargo sur l’Afrique du Sud. « Monsieur le Premier ministre, avez-vous l’intention de lever l’embargo contre ce pays et d’empêcher la fermeture des usines Dassault ? ».
Principal fournisseur d’armes du régime dans les années 70, la France avait suspendu ses exportations suite à l’adoption en 1977 d’un embargo sur les armes par le conseil de sécurité des Nations unies (à l’unanimité). Cette mesure était un moyen de pression sur le régime de l’apartheid.
Cependant, malgré les conséquences que cela pouvait engendrer sur la politique intérieure (répression sanglante des mouvements de contestations…) et extérieure (occupation de la Namibie, intervention armée en Angola…) du régime sud-africain, le FN se battait ardemment à l’Assemblée pour le retour de ses échanges.
Cette position était présentée de façon éhontée comme une solution efficace pour lutter contre les suppressions d’emplois, notamment dans les usines aéronautiques de Dassault. Cependant comme le déclare aujourd’hui Bruno Gollnisch, il s’agissait surtout d’affirmer le « refus des mensonges sur l’Afrique du sud ». En d’autres termes, de soutenir le régime de l’apartheid.
Autre, symbole de la connivence entre le FN et le régime sud-africain, ce sont des élus frontistes (mais aussi RPR) qui ont à l’époque relancé « un groupe d’amitié France-Afrique du Sud qui était un soutien ostensible du régime de Pretoria ».
Par ses déclarations absurdes, ses omissions, ses manipulations de l’histoire, Marine Le Pen tente avec insistance depuis plusieurs années de forger la nouvelle image de son parti. Cependant, quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, jamais elle ne pourra lutter contre le réel.