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[LeWeb2013] "Via le crowd, la séparation entre employé et client se brouille"

Publié le 12 décembre 2013 par Pnordey @latelier

Interview de Jeremiah Owyang, à l'occasion du lancement de l'entreprise qu'il vient de fonder, Crowd Companies, cabinet de conseil pour aider les entreprises à s'adapter et à pénétrer ces nouveaux marchés du crowd.

L'Atelier : Que voulez-vous dire par Crowd becomes the Company (la Foule devient l'Entreprise)?

Jeremiah Owyang : Aujourd'hui la tendance qui semble émerger est celle de la montée en puissance des “foules”. Les foules sont capables de créer elles-mêmes leur propre produit, le mouvement des créateurs, ou d'échanger des biens qu'elles possèdent entre individus, l'économie du partage. Les foules peuvent même faire de la co-innovation en investissant directement dans des entreprises via les plate-formes de crowdfunding par exemple. La Foule est en train de devenir comme une entreprise, comme si la révolution industrielle devenait démocratisée.

Comment percevez-vous l’avenir de cette relation “floue” entre entreprise et crowdfunding?

Ce mouvement est aussi bien une opportunité qu'un risque pour les grandes entreprises, mais à l'image de ce qu'elles on pu faire dans l'intégration des outils de communication mobile, comme les réseaux sociaux, ces mêmes grandes entreprises peuvent tirer de nombreux bénéfices de ce renforcement de la Foule. A long terme, je crois que la Foule sera nettement plus intégrée, non plus en bout de chaîne, mais à tous les niveaux, aidant à la conception, la production et bien sûr la consommation des biens. On peut même penser qu'avec l'évolution de ce rapport au client, la séparation entre employé et consommateur va devenir de plus en plus ténue.

Quelles caractéristiques du business model sont en train de devenir obsolètes?

Selon moi, c'est clairement l'inefficacité. Là où la foule est pertinente, c'est dans l'agilité et la réactivité aux évolutions des besoins. Là où l'entreprise est pertinente, c'est dans l'échelle, la continuité et la force de confiance d'une marque. Dès lors, quand on combine ces forces, nous avons accès à une nouvelle forme de business model que nous n'avons jamais vu jusque là. Le nouveau business model est celui de la collaboration entre l'entreprise et les individus pour créer des produits et plus largement des expériences de consommation.

Pensez-vous que ces nouvelles formes, le crowdsourcing, le crowdfunding et ce que vous appelez les Crowd Companies vont à terme devenir le nouveau standard pour les entreprises?

Nous en sommes encore aux prémices bien sûr, mais sur le marché de l'innovation être en avance est un avantage inégalable et nous en sommes bien à un marché naissant. Mais il suffit de regarder l'évolution des réseaux sociaux. Il a fallu près de 5 ans pour que ces innovations touchent les marchés de masse, et je crois que nous pouvons attendre une dynamique similaire pour les mouvements crowds. Avec une entreprise nommée Vision Critical, nous sommes en train de travailler sur une approche statistique de ces changements d'habitudes. On est ainsi en train d'observer que les échanges entre individus deviennent de plus en plus fréquents et normalisés.

Quels sont les secteurs qui, selon vous, seront les premiers à tirer parti de ces méthodes?

Aujourd'hui, il semble que ce soit principalement les entreprises et industries de transports et d'hôtels qui sont radicalement impactées. Mais nous voyons aussi les médias, le marché de la consommation... Le crowdfunding évolue au fil du changement du mode d'interaction avec les clients, mais aussi avec l'apparition, encore timide mais existante, de nouveaux outils d'échange, de nouvelles monnaies digitales, et plus particulièrement l'apparition de nouvelles places de marché pour les biens durables.


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