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Editeurs : bons à tirer ?

Par Jean-Jacques Nuel

chiendents 38 couv.jpgLa revue littéraire Chiendents consacre son numéro 38 à un dossier sur l’édition, au titre un brin provocateur, Éditeurs : bons à tirer ? Et c’est vrai que l’on parle toujours de la grande misère des auteurs, des libraires, mais jamais de celle des éditeurs, et spécialement des petits éditeurs.

Entre autres articles, on notera une lettre ouverte aux hommes et femmes de bonne volonté, de Luc Vidal, éditeur au Petit Véhicule, qui livre lucidement son expérience. Jean-Luc Nativelle nous parle de la galère d’une signature dans l’espace culturel d’un grand magasin, un grand moment de solitude sauvé par la gentillesse et l’intérêt d’une vendeuse. Gérard Cherbonnier, responsable des éditions du Petit Pavé, s’entretient avec Stéphane Beau : “Faudra-t-il éditer sous le manteau ?” et dresse un tableau objectif de la situation de l’édition. Roger Wallet retrace son parcours d’écrivain, depuis un premier succès (édition au Dilettante, passage chez Pivot, presse nombreuse) suivi d’un échec commercial, d’une tentative de monter une structure éditoriale et de la publication actuelle chez de plus modestes éditeurs. Dans un article ravageur, Stéphane Beau nous livre un portrait sans concessions de l’ingratitude des auteurs : “Toujours prompts à dénoncer les travers des éditeurs, les auteurs ont une fâcheuse tendance à hisser les libraires au sommet de la pyramide des métiers du livre, comme s’il s’agissait de la catégorie la plus noble. (…) Pour les auteurs, le passage par l’éditeur ne représente qu’une formalité technique, rien de plus qu’une étape obligée qui a en outre le grave défaut de ne pas être toujours de tout repos pour leur ego. Une fois que le contrat est signé, l’heureux auteur ne veut plus rien savoir de ce qui se joue dans les bureaux de son éditeur, ni dans l’atelier de l’imprimeur. Tout cela, c’est le travail de l’éditeur : l’auteur, créateur, pur esprit, est au dessus de ces réalités triviales. Par contre, s’il y a une chose que les auteurs adorent, c’est apercevoir leurs bouquins dans les devantures des libraires. Là ils se sentent grands, beaux, forts, puissants, comme si leur talent était décuplé par cette mise en visibilité de leur travail. La vitrine des libraires est comme un miroir où, Narcisses modernes, ils peuvent contempler le reflet de leur propre grandeur.” Et de conclure : “L’éditeur donne vie au livre ; il lui permet d’être. Le libraire caresse l’auteur dans le sens de son ego ; il lui permet de paraître.”

Un dossier passionnant, sans langue de bois, à lire par tous ceux qui veulent découvrir les coulisses de la petite édition.


Chiendents n° 38, éditions du Petit Véhicule, 4 €. Le blog des éditions.

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La revue littéraire Chiendents consacre son numéro 38 à un dossier sur l’édition, au titre un brin provocateur, Éditeurs : bons à tirer ? Et c’est vrai que l’on parle toujours de la grande misère des auteurs, des libraires, mais jamais de celle des éditeurs, et spécialement des petits éditeurs.

Entre autres articles, on notera une lettre ouverte aux hommes et femmes de bonne volonté, de Luc Vidal, éditeur au Petit Véhicule, qui livre lucidement son expérience. Jean-Luc Nativelle nous parle de la galère d’une signature dans l’espace culturel d’un grand magasin, un grand moment de solitude sauvé par la gentillesse et l’intérêt d’une vendeuse. Gérard Cherbonnier, responsable des éditions du Petit Pavé, s’entretient avec Stéphane Beau : “Faudra-t-il éditer sous le manteau ?” et dresse un tableau objectif de la situation de l’édition. Roger Wallet retrace son parcours d’écrivain, depuis un premier succès (édition au Dilettante, passage chez Pivot, presse nombreuse) suivi d’un échec commercial, d’une tentative de monter une structure éditoriale et de la publication actuelle chez de plus modestes éditeurs. Dans un article ravageur, Stéphane Beau nous livre un portrait sans concessions de l’ingratitude des auteurs : “Toujours prompts à dénoncer les travers des éditeurs, les auteurs ont une fâcheuse tendance à hisser les libraires au sommet de la pyramide des métiers du livre, comme s’il s’agissait de la catégorie la plus noble. (…) Pour les auteurs, le passage par l’éditeur ne représente qu’une formalité technique, rien de plus qu’une étape obligée qui a en outre le grave défaut de ne pas être toujours de tout repos pour leur ego. Une fois que le contrat est signé, l’heureux auteur ne veut plus rien savoir de ce qui se joue dans les bureaux de son éditeur, ni dans l’atelier de l’imprimeur. Tout cela, c’est le travail de l’éditeur : l’auteur, créateur, pur esprit, est au dessus de ces réalités triviales. Par contre, s’il y a une chose que les auteurs adorent, c’est apercevoir leurs bouquins dans les devantures des libraires. Là ils se sentent grands, beaux, forts, puissants, comme si leur talent était décuplé par cette mise en visibilité de leur travail. La vitrine des libraires est comme un miroir où, Narcisses modernes, ils peuvent contempler le reflet de leur propre grandeur.” Et de conclure : “L’éditeur donne vie au livre ; il lui permet d’être. Le libraire caresse l’auteur dans le sens de son ego ; il lui permet de paraître.”

Un dossier passionnant, sans langue de bois, à lire par tous ceux qui veulent découvrir les coulisses de la petite édition.


Chiendents n° 38, éditions du Petit Véhicule, 4 €. Le blog des éditions.


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