Soixantaine

Publié le 12 décembre 2013 par Réverbères
Ce billet de Réverbères est le soixantième de l’année 2013. Ça me place dans la moyenne de ces trois dernières années, après quatre ans où j’étais deux fois plus productif ! Soixante billets annuels, ça me convient bien. Un peu plus d’un par semaine. Après près de six cent cinquante billets, avoir encore quelque chose à dire, ce n’est finalement pas si mal !
Soixante ! Quel beau nombre ! Ne fut-ce que par sa prononciation. Un des rares mots où le « x » se prononce « s ». Les autres sont d’ailleurs aussi des nombres : six et dix. Sans oublier Bruxelles bien entendu, malgré les nombreux Français qui s’esquintent à le transformer en « ks » !
Soixante ! Quel beau nombre, disais-je donc. Le genre de nombre avec lequel – lorsqu’on apprend à compter – on fait des « tapis » ou des « pyramides ». Tout simplement parce qu’il a de nombreux diviseurs : un, deux, trois, quatre, cinq, six, dix, douze, quinze, vingt, trente… et soixante bien entendu !
UN est diviseur de 60. Ou plutôt UNE. On n’en a qu’une : une seule et unique vie ! La plus belle des merveilles. Celle sans laquelle il n’y aurait rien. Elle n’est pas toujours facile, mais elle est à l’origine de tout. Par elle, on atteint l’infini !
DEUX est diviseur de 60. Si j’étais le seul vivant, cela ne me servirait pas à grand chose. On est fait pour être au moins deux. C’est par ce deuxième, cette deuxième, que la vie se multiplie, s’enrichit, se diversifie. Le pluriel est toujours indispensable.
TROIS est diviseur de 60. Le nombre de base, le plus solide ! Lorsqu’un triangle est formé, il est impossible de le déformer. Pour travailler en groupe, l’idéal est d’être trois. C’est vrai pour tous les groupes, sauf peut-être pour vivre en couple ! Par contre, avoir trois enfants, c’est une belle aventure ! Lumière joyeuse, feu chaleureux, soleil paisible… que de sources de bonheur fécond !
QUATRE est diviseur de 60. Le nombre des principes. Quand on y accorde trop d’importance, on devient carré. Quand on leur donne un peu de souplesse, la vie peut se faire rectangle, losange, parallélogramme, trapèze, rhomboïde, quadrilatère quelconque ou orthodiagonal, voire même quadrilatère concave !
CINQ est diviseur de 60. Famille de cinq enfants. Le cinquième. Ça veut dire que beaucoup de portes sont ouvertes quand on arrive au moment où il faut les ouvrir. Pas toutes : mes frères et sœur m’ont laissé du boulot. Cinq enfants, cela fait cinq personnalités différentes, cinq caractères différents… mais aucun saint !
SIX est diviseur de 60. Le nombre magique. Du moins pour moi. J’ai toujours eu un faible pour le six. Sans doute pour son érotisme. Sans oublier le Numéro 6 qui restera mon héros de feuilleton favori ! (Dans Le prisonnier, pour ceux qui y perdraient leur latin.)
DIX est diviseur de 60. Les doigts de la main, bien sûr. Et la musique. Ce sont les doigts qui la créent. Ils ne sont pas tout seuls dans cette sublimation. Mais ils sont la dernière étape avant la magie. J’ai les doigts fins. Ce n’est pas un hasard.
DOUZE est diviseur de 60. Le nombre de la naissance. Douze du douze. Aussi facile à dire qu’à retenir. Ça fait de moi un sagittaire, ascendant sagittaire qui plus est. Le sagittaire « veut vivre une expérience hors du commun et surtout ne pas ressembler aux autres ! ». C’est mon horoscope qui le dit…
QUINZE est diviseur de 60. L’âge de tous les rêves et de toutes les frustrations. On voudrait ne pas ressembler aux autres, mais on n’est qu’un nabot parmi les nains. Pierre Selos chantait « Il faudra que je m’en souvienne lorsque mon fils aura quinze ans… ». J’ai essayé de m’en souvenir, avec cette cruelle impression de me retrouver à nouveau nabot parmi les nains. Heureusement, il y a les rêves et… la musique !
VINGT est diviseur de 60. On n’a pas tous les jours 20 ans… et j’aurais voulu ne jamais les avoir. Quatre jours plus tôt, il y a juste quarante ans, la voiture de mon frère se faisait écraser par l’arrière. Cela a tout changé. Pour lui. Pour mes parents. Pour moi. À 20 ans, tout est possible. En une seconde, tout était devenu impossible.
TRENTE est diviseur de 60. L’âge où une deuxième vie commence. La première n’était qu’une entrée en matière, pleine de découvertes et de moments incroyables, qui m’ont permis de me construire ou plutôt de concrétiser ce que j’étais. Mais désormais, j’étais DEUX !
SOIXANTE est diviseur de 60. Comme tous les nombres, 60 est diviseur de lui-même. Cela signifie que chaque individu – quel que soit son âge – n’est que la parcelle de sa propre unité. Elle n’est ni une ni indivisible, mais elle est le tout. Soixante ans est un âge comme un autre et je suis aujourd’hui toujours le même que j’étais hier et que je serai demain. Avec toujours les mêmes rêves et les mêmes peurs. En sachant qu’aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie et que c’est très bien ainsi. Bien sûr, 60 est le premier « nombre rond » dont j’ai la quasi-certitude que je n’arriverai pas au double ! Mais d’ici la fin de l’histoire, il reste de beaux nombres et de bons moments à vivre.
Au bout du compte, je retiens surtout l’injonction initiale : « Sois ! ». Elle est à la fois paradoxale – comment ordonner à quelqu’un d’être s’il n’est pas ? – et fondamentale – en dehors d’elle, il n’y a rien. C’est la nécessité et la vérité premières. Sois ! Fidèle à ce que je suis, j’ajouterais bien « Sois sans haine » ! Mais là, ça devient un peu trop moralisateur… Alors, simplement, sois !