Les subventions renouvelables britanniques partent en mer
Publié Par Open Europe, le 12 décembre 2013 dans ÉnergieLe gouvernement britannique a choisi de réorienter ses subventions pour les énergies renouvelables à destination de l’éolien offshore.
Un article d’Open Europe.
La BBC a récemment rapporté une évolution intéressante dans la politique énergétique du Royaume‑Uni. Le gouvernement britannique a choisi de réorienter ses subventions pour les énergies renouvelables vers l’éolien offshore, avec une réduction du soutien à l’énergie solaire et aux éoliennes terrestres. À partir de 2015, les prix fixés pour l’éolien offshore seront plus haut dans l’espoir d’attirer des investissements.
Bien que cela semble n’être qu’une question propre au Royaume‑Uni, comme nous l’avons longuement discutée auparavant, beaucoup d’aspects de la politique énergétique du Royaume‑Uni (en particulier sur les énergies renouvelables) reviennent au final dans les objectifs globaux de l’Union Européenne.
Pourquoi pas une réduction globale ?
Clairement, il n’y a ni augmentation des subventions aux énergies renouvelables, ni réduction de celles-ci, c’est comme il a été indiqué, un « rééquilibrage ». La principale raison à cela est que le Royaume‑Uni doit encore atteindre le but désigné par l’U.E. : d’ici 2020, 15% de l’énergie et 30% de l’électricité doivent être issues d’énergies renouvelables. Si elle a l’espoir de le faire, une réduction des subventions semble impossible.
Pourquoi l’éolien offshore ?
Compte tenu du nécessaire fossé à franchir en matière de production d’électricité (actuellement un peu plus de 11% est produit par des énergies renouvelables), l’éolien offshore est la seule option réaliste. Le solaire a peu de chance d’être jamais viable en tant que source essentielle de production d’électricité à cause du climat du Royaume‑Uni, tandis que l’éolien terrestre est fortement limité par le manque de sites viables qui fournissent assez de vent et sont politiquement acceptables.
Cela aura-t-il un impact significatif ?
- Comme indiqué plus haut, il s’agit simplement d’un déplacement du financement, mais probablement dans des zones plus réalistes. Ceci étant dit, il est toujours extrêmement incertain si l’éolien offshore peut fournir le niveau d’électricité nécessaire pour répondre à la demande du Royaume‑Uni.
- Premièrement, les coûts de l’éolien offshore semblent destinés à augmenter, ceci parce que les fermes éoliennes augmentent en taille et doivent donc être déplacées en eaux plus profondes. De toute évidence, cela signifie des coûts accrus en termes d’installation et de maintenance (ainsi que de sérieux défis techniques à surmonter). Le coût pour relier les fermes au réseau électrique britannique sera aussi augmenté. L’hypothèse de travail du côté du gouvernement est que ces coûts et défis seront compensés par un plus haut rendement en raison de vents plus courants aux endroits les plus profonds, mais il y a peu de preuves à l’appui jusqu’ici. Ajouté à cela, l’augmentation de la subvention à ce moment semble impliquer que les coûts de l’éolien offshore resteront obstinément élevés, posant de nouvelles questions quant à sa viabilité à long terme.
- Deuxièmement, étant donné la nature intermittente et aléatoire du vent, le Royaume‑Uni devra installer une capacité supplémentaire importante ainsi que d’une énorme réserve d’énergie de secours de manière à s’assurer que la demande de pointe puisse être satisfaite. Les coûts seront accrus dans tous les domaines.
- L’espoir est que ces nouveaux prix plus élevés conduiront à plus d’investissements dans l’éolien offshore. Bien qu’agir soit nécessaire, cela met en lumière une fois encore que les investissements sont à la traîne là où ils devraient être dans les technologies renouvelables vitales au Royaume‑Uni. Cela s’ajoute aux toujours plus nombreuses preuves anecdotiques indiquant qu’il y a de graves problèmes d’attraction d’investissements dans le marché de l’énergie du Royaume‑Uni, au moins dans des conditions qui n’impliquent pas des prix fixés plus élevés.
- L’accord n’augure également rien de bon pour les espoirs de baisse des prix de l’énergie et des factures à l’avenir. Il fixe essentiellement un prix de 140 £ (167 €) par MWh dans l’éolien offshore. Cela reste bien au-dessus des prix du marché des combustibles fossiles (aux environs de 70‑80 £ (83‑95 €) par MWh pour le gaz) et maintient le prix bien au-dessus de la cible des 100 £ (119 €) par MWh prévue dans le cadre des études récentes du gouvernement. Toute diminution des coûts à l’avenir a peu de chance de se traduire dans les prix payés.
Le point clé ici est que le gouvernement britannique tente de répondre à l’évolution des circonstances et à l’évolution de l’opinion publique. Cependant, il reste enfermé dans un cadre très restrictif en raison des objectifs convenus au niveau de l’U.E. Comme nous l’avons déjà dit, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que tant que c’est le cas, les soucis d’énergie du Royaume-Uni vont se poursuivre, à la fois en termes de prix et d’approvisionnement.
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Article original titré UK shifts renewables subsidies offshore. Traduction : Éclipse/Contrepoints.