D’après l’A.D.N recueillis sur le saint suaire, une boite de Prod peu scrupuleuse clene Jesus Christ…
Scénario et dessin de Sean Murphy,
Public conseillé : Adultes, grands adolescents
Style : Action, anticipation Paru chez Urban Comics, le 20 septembre 2013, collection « Vertigo Deluxe »
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L’histoire
1994, le jeune Thomas assiste, prostré dans un placard, à l’assassinat de ses parents par des membres de L’IRA. Sauvé in-extremis pas son oncle, il part avec lui vers un destin qu’on imagine compliqué…
2019, la boite de production Ophis s’apprête à lancer une nouvelle émission de télé-réalité, sobrement intitulée « J2″. Elle met en scène le clone de Jésus Christ, d’après l’A.D.N. recueilli sur le Saint-suaire. Un casting est organisé pour trouver la vierge qui portera l’enfant et c’est Gwen Fairling qui remporte le rôle après quelques « retouches esthétiques ».
L’omnipotent producteur Slate, entouré d’un docteur en génétique (Dr Sarah Epstein) d’un spécialiste en logistique (Tim), et d’un chef de la sécurité (ancien membre de l’IRA) veille sur le nouveau né (sauveur de l’humanité ?) qui naîtra sur les écrans du monde entier le 25 décembre !
Autour de ce programme, les débats font rage dans les médias, comme dans les cercles religieux…
Le contexte
Sean Murphy est vraiment un auteur de comics hors norme. Ce jeune artiste s’est forgé en quelques titres une réputation de poids lourd comme « simple dessinateur » (« American Vampire Legacy » avec Scott Snyder) aussi bien qu’en tant qu’auteur complet (« Off Road » en 2005).
En 2012, après une maturation de 10 années, Sean Murphy sort « Punk Rock Jesus » en six volumes, publiés dans la magnifique intégrale d’Urban Comics (la branche « Comics » de Dargaud).
Brûlot punk, il y dénonce ses anciens espoirs (comme il l’explique en postface, il fut un catholique fervent), aussi bien que la société des médias.
Des personnages et des cris
Autour du récit de base, qui met en scène un clone de Jesus Christ dans un show TV, Sean Murphy compose un grand nombre de personnages. Sarah Epstein (la Docteur en génétique), Tomas (le responsable de la sécurité au passé douteux et aux méthodes expéditives), Slate (le détestable producteur d’émission), Gwen (la mère porteuse dépassée), sans oublier Chris (le clone). Il revisite le passé de ses personnages et fouille leurs psychologies. Leurs comportements lui permettent de critiquer ouvertement le système ! la sur-médiatisation et la dérive de la TV Trash, le militantisme religieux, l’Amérique bien pensante, la famille, tout le monde en prend pour son grade. Avec « Punk Rock Jesus », c’est avant tout un grand cri de rébellion et de « ras-le-bol » que Sean Murphy nous gueule dans les oreilles !
Anti-tout !
Pamphlet anti-clérical un peu simplet (soit on est croyant extrémiste, soit on est athée), Sean Murphy mène une réflexion sur les médias moins manichéenne. Il met en scène un « Chris » (le clone de Jesus) totalement sous l’emprise de la TV qui l’a façonné (au début du récit). Il est difficile d’éviter le parallèle avec le film « Truman Show » (de Peter Weir) où Jim Carrey tient un rôle très similaire en gentille « marionnette » de télé-réalité. Mais rapidement, le récit prend des tournants plus originaux. Après une phase d’éducation fondamentaliste abrutissante, le jeune Chris trouve l’accès à des connaissances alternatives. Disques Punk, sciences, littérature, il se forge un caractère et un avis personnels, tandis que Gwen, sa mère “porteuse”, sombre et se suicide.
A partir de là, tout s’enchaîne. Chris se rebelle contre la religion, devient le leader dans un groupe Punk (Les Flaks Jakets) et compose des chansons antidogmatiques. On assiste alors à une montée de violence infinie, entre athées et nouveaux catholiques, sur un arrière-fond Punk jusqu’à un final intense…
Le dessin
Avec un trait hyper-nerveux, limite agressif, Sean Murphy dépote ! Son dessin minutieux et aiguisé est très personnel. Fort, dur, « sévèrement burné », son graphisme m’a pris à la gorge tout au long des 280 pages.
En totale cohérence avec l’ambiance particulière du récit, Murphy nous offrent des planches qui ne laissent pas de marbre ! Refusant tout compromis, il nous balance un « Noir et Blanc » riche et profond qui nous assène des coups de mine dans les pupilles.
Violent jusque dans le trait, il puise une force graphique hors du commun, dans un trait particulier, précis et dense.
Pour résumer
Attention, brûlot anti-clérical et anti-médiatique en vue.
Sean Murphy, jeune auteur de Comics réputé débarque en France avec l’adaptation de son dernier pavé. Véritable critique d’une société de tous les excès (religieux, politiques et culturels), Punk Rock Jesus fout un coup de bottes (cloutées) dans la fourmilière pour nous réveiller.
Violent, dénonciateur, rebelle, bijou graphique, “Punk Rock Jesus”, c’est …. “Punk Rock Jesus”.