Suite (et pas fin) d'une sélection qui propose de la bonne, de la très bonne lecture à bas prix. On rogne sur le format et les coûts, pas sur la qualité...
Claro, CosmoZ
On prend son souffle, on
plonge dans Le Magicien d’Oz revu par
Claro et transposé dans la première partie du 20e siècle. L’époque
est furieuse, traversée par deux guerres mondiales. Virtuose, l’écrivain
multiplie les parallèles entre la trame de départ et la réalité, et se place au
niveau du mythe. Les personnages nous parlent d’une éternité ébranlée par les
terribles secousses qu’ils subissent. Cette course à travers le temps et
l’espace est un grand coup de frais sur le roman français.
François Garde, Ce qu’il advint du sauvage blanc
Un Européen ensauvagé,
décivilisé, revient à la civilisation après dix-sept ans passés en compagnie
des Aborigènes d’Australie. Il doit tout réapprendre. Octave de Vallombrun, qui
a découvert le naufragé, s’en charge, certain d’y gagner ses galons de
scientifique reconnu par la Société de Géographie. Plusieurs logiques
contradictoires s’affrontent pour lui compliquer une tâche qui débouche sur
davantage de questions que de réponses. La principale : qu’est-ce qu’un homme ?
Une belle énigme.
Michel Bussi, Nymphéas noirs
Dans Giverny,
ville-musée, Monet attire toujours les touristes. Souterrainement, les
habitants du lieu vivent leurs espoirs et leurs folies, jusqu’à la mort
parfois. Trois personnages de femmes d’âges différents hantent un roman
construit avec une troublante efficacité. Nous ne comprendrons qu’un peu avant
de finir comment Michel Bussi nous a baladés et pourquoi nous l’avons suivi.
Malgré tout ce qu’il ne disait pas. Ou grâce à ce qu’il ne disait pas dans sa
manière de jouer avec les époques.
Brigitte Aubert, La ville des serpents d’eau
Treize ans plus tôt, cinq
petites filles ont disparu à Ennatown. Quatre ont été retrouvées au fond de
l’eau. La dernière, la police l’ignore, est toujours séquestrée par « le
Noyeur ». Elle réussit à libérer sa fille qui est née pendant la détention
et celle-ci se promène dans la ville en ouvrant de grands yeux sur tout ce
qu’elle n’avait jamais vu. Son errance en compagnie d’un SDF noir et débile
léger coïncide avec la curiosité de Vince Limonta, ex-flic, pour cette affaire.
Soufflant.
Richard Powers, Gains
Presque deux siècles de l’histoire d’une
fabrique de savon et de ses propriétaires. Presque deux siècles d’histoire
économique, avec les crises et surtout les gains à condition de suivre la
logique de l’industrialisation, de la diversification, de la mondialisation et
de tous ces mots en -tion qui réjouissent les capitalistes. L’ampleur du roman
de Richard Powers correspond à celle de la matière qu’il brasse avec autant de
talent que de perspicacité.