Logiquement pour ces technologies en émergence, les mises en œuvre actuelles – dont la plupart ne dépassent pas le stade expérimental – sont extrêmement variées, autant dans leurs choix techniques que dans les cas d'usage auxquels elles s'appliquent. Dans ce contexte, le test qu'est en train de réaliser la banque australo-néo-zélandaise ANZ représente un exemple relativement original.
Il s'agit en effet d'intégrer un dispositif de reconnaissance vocale au cœur de l'application mobile de l'établissement. Mais, plutôt que d'en faire le moyen d'authentification principal, il n'est ici utilisé qu'en complément du classique couple identifiant – mot de passe, pour l'exécution de transactions particulièrement sensibles, en l'occurrence les virements de plus de 1 000 AUD.
En pratique, le système demandera donc au client de répéter (oralement) une phrase au moment de valider son opération. Les caractéristiques de sa voix seront alors comparées avec un échantillon de référence conservé par la banque, afin de confirmer son identité.
La stratégie d'ANZ – apparemment anodine – pour l'introduction de la biométrie s'avère en réalité mûrement réfléchie. Tout d'abord, elle se substitue à une technique largement répandue, d'envoi d'un code à usage unique par SMS, aujourd'hui menacée par des attaques ciblées et, surtout, totalement inadaptée à une intégration dans une application mobile (le code étant reçu sur l'appareil même où s'effectue la transaction).
Plus important, elle permet de familiariser les clients à la sécurité biométrique sans les brusquer, puisque, actuellement, les opérations « risquées » concernées sont interdites dans les solutions mobiles de la banque. L'option de reconnaissance vocale ne peut en conséquence être perçue que comme un facteur (optionnel) d'enrichissement du service offert et non comme un obstacle supplémentaire.
D'une manière générale, la prudence semble être la règle dans la démarche d'ANZ, puisque la généralisation de la reconnaissance vocale n'est envisagée qu'à un horizon plutôt lointain, de 18 mois. Au vu des questions que la biométrie soulève, à la fois du point de vue de son accueil par les consommateurs et des nouveaux risques qu'elle pourrait induire, une telle modération ne saurait cependant lui être reprochée.