Nous vous emmenons aujourd’hui dans la lagune nord, au Nord-Est de Torcello, dans ce qui était autrefois Costanziaco.
A l’époque romaine sont citées ici Torcelum, Maioribus, Burianum, Marianum, Costanciacum, Amianae. Ce qui laisse présumer que, plus qu’une cité, c’est toute une vaste agglomération qui serait plus ou moins enfouie sous la lagune.
La tradition historique et la chronique rappelle ces six principaux centres urbanisés jusqu’à l’époque médiévale, dont aujourd’hui ne subsistent que Torcello, Mazzorbo, Burano et Murano.
Costanziaco était située à la marge continentale de la lagune de Venise au nord-est de Torcello. Elle était composée de quatre îles qui formaient deux groupes appelés Costanziaco Major et Costanziaco Minor, situés respectivement à droite et à gauche d’une branche de la rivière Sile.
En 650, on y comptait sept églises et les deux monastères de Sant’Ariano et de San Maffio construits par la famille Viaro. Les sept églises ont été consacrés respectivement à SS. Sergio e Bacco (SS.Sergio et Bacco Martiri), S. Massimo (SS. Marcelliano et Massimo Martiri), S. Moro (S. Mauro), S. Zanipolo (SS. Giovanni et Paolo), S. Giovanni, puis S. Maffio (S. Matteo Apostolo), S. Pietro, S. Arian (S. Adriano). Les deux paroisses importantes étaient S. Sergio e Bacco et S. Massimo qui étaient aussi les deux premières qui avaient été construites.
Sant’ Ariano fut la dernière église construite, et aussi, la dernière à être abandonnée et elle était rattachée à un monastère de religieuses bénédictines construit en 1160. Ce monastère accueillait des filles de familles les plus riches de la région. Enfermées contre leur volonté, ces religieuses étaient connues pour leur vie dissolue et pour quelques épisodes scandaleux: en 1439 beaucoup ont été transférées à la suite de leurs fautes. A la fin du siècle, d’autres ont de nouveau été impliqués dans un procès où quatre nobles Vénitiens ont été accusés de s’être introduits dans le monastère. Plus tard, principalement en raison de l’environnement insalubre et de la malaria, les religieuses ont décidé d’abandonner le couvent pour aller à Torcello, en 1549 d’abord, puis à Venise.
La partie qui restait émergée à cette époque à ensuite été utilisée pour recueillir les os lors de l’expulsion des cimetières voulue pour assainir Venise. Ces transferts d’ossements ont continué même après la chute de la République, jusqu’en 1933. Les restes étaient si nombreux qu’ils ont créé de véritables monticules et en 1665 il a été décidé de créer un mur le long des côtes de l’île pour les cacher à la vue des passants. La construction du mur a coûté mille ducats, qui ont été recueillis à partir des contributions des églises et des monastères de Venise.
Il y a quelques années cet énorme tas d’os, de près de trois mètres de haut et tout couvert de terre et de ronces, était visible de tous.
A la fin du XXème siècle, des bulldozers ont tout recouvert de terre et l’entrée à été murée.
L’ossuaire est protégé par un haut mur de briques de plus d’un mètre et demi, qui l’encercle complètement, interrompu seulement par une petite chapelle près de la porte d’entrée.
Ont peut accéder à l’île avec de petits bateaux, mais y poser un pied est une autre histoire tant la végétation n’est qu’un vaste amas de ronces impénétrables où seuls les énormes rats et les serpents ont transformé le lieu en leur domaine.