Give him a second chance!
Décembre, fin d’année.
On rentre dans la période des bilans annuels.
Un par un, chaque manager (dont moi) va devoir rencontrer les membres de son équipe pour réaliser la sacro sainte revue de l’année que les DRH nous obligent de plus en plus à formaliser. Je déteste cette partie. Cela se transforme en étude sous excel, à coup de tableaux croisés dynamiques, à double voire triple entrée, l’horreur ! Heureusement que l’on n’attend pas 12 mois pour dire ce qui va ou ce qui ne va pas ! Et puis, il y a aussi les chiffres qui parlent pour eux. Quand on a des objectifs (normalement définis hein!), ils sont faits pour être atteints, partiellement ou totalement. J’aime les chiffres, ils sont quasi incontestables. On peut alors leur ajouter le facteur humain mais qui reste trop souvent subjectif et est donc extrêmement difficile à évaluer. D’où les fameux tableaux…et voilà donc le chat qui se mord la queue
Mon bilan à moi, c’est pour dans quelques jours. Pas un vrai bilan annuel, où l’on parle de soi, de ses aspirations, de ses états d’âmes, que j’ai…NOMBREUX. Normal, je suis une femme:-) Non, à mon niveau, c’est marche ou crève. Je force volontairement le trait car, en réalité, moi, je suis chouchoutée
Vous devez vous demander pourquoi je parle de « seconde chance » dans ce billet, non ?
Et bien parce que s’il y a une chose capitale que j’ai apprise en termes de management, c’est de savoir donner une seconde chance à tout le monde. Oui, même à ton pire ennemi ! C’est vital, nécessaire et profondément humain. On a tous nos moments de faiblesses, on a tous des lacunes sur certains points mais quand on veut vraiment changer, progresser et si l’on en a les capacités, alors il faut pouvoir se laisser une seconde chance pour redémarrer, se relancer.
C’est l’expérience qui me fait parler et c’est aussi ce que j’essaye d’appliquer au sein de mon travail. Pourtant, ce n’est pas facile, surtout dans le monde actuel de l’entreprise où tout doit aller vite. Employés kleenex. Tu réussis, tu restes. Tu flanches un peu, tu risques fort de sortir du jeu. Dans un marché du travail ultra-flexible, c’est jouable. On arrive plus ou moins à retomber sur ses pattes. Mais dans un marché moins souple, c’est plus dur.
D’ailleurs, quand je travaille avec les pays anglo-saxons, je constate à quel point mon éducation française m’a marquée. Eux y sont habitués, moi un peu moins, même si bien m’en a pris de m’éloigner durablement de la France et de son marché du travail. La seconde chance est évidente pour eux. Tu crées un business, il marche bien, tant mieux. S’il ne marche pas, c’est triste mais non catastrophique, tu en remonteras un autre et on t’y encouragera car tu seras vu comme une personne « entrepreneuse », qui va de l’avant, toujours. Tu ne seras pas vue comme un loser qui a foiré son premier business. Non, point de casserole au derrière, juste de l‘expérience acquise. Pas un échec, juste un step supplémentaire avant d’y arriver, finalement. J’aime cet esprit.
Alors parce qu’il avait mal débuté sa carrière avec moi, sous de faux prétextes et parce que mon regard sur lui n’était pas réellement objectif, j’ai finalement décidé de lui donner une « seconde chance ». A qui ? Et bien, à mon pantalon en cuir blanc de la collection Isabel Marant pour H&M.
I decided to give him a second chance.
Photos : Coline se raconte // Leather pants : Isabel Marant pour H&M – Jumper : Sandro – Boots : Isabel Marant – Jewelry : Cartier, Aurélie Bidermann