Interview d'Hala Fadel, Chair of the Board du MIT Enterprise Forum of the Pan Arab Region, à l'occasion de sa venue à LeWeb 2013.
L'Atelier : Pour quelle raison une organisation comme la vôtre a besoin de se rendre aujourd’hui à LeWeb ?
Hala Fadel : Notre venue ici est motivée par la nécessité de stimuler la scène entrepreneuriale. En effet, le MIT Enteprise Forum est une initiative dont l’objectif est de promouvoir l'entrepreneuriat de par le monde, et nous nous occupons plus spécifiquement ici du chapitre sur la région panarabe. Nous sommes ici aujourd’hui pour montrer que ce genre de région a également sa place dans le marché international : nous organisons des concours de startups mais aussi des évènements publics pour les faire connaître, du mentoring et du coworking space où nous rassemblons les entrepreneurs pour qu'ils puissent apprendre de leurs expériences respectives. Les entreprises que nous avons avec nous aujourd'hui sont ainsi très diversifiées.
Quelle est la spécificité des startups présentes aujourd’hui à l’événement ?
Les startups que nous représentons offrent nécessairement un produit ou une approche neuve sur un marché. Elles sont économiquement viable, scalable et surtout elles sont actuellement à l’image de nombreuses startups de la région panarabe : leur marque distinctive tient à l'impact social de l'entreprise. On peut notamment noter la présence de Uturn, une entreprise saoudienne qui est la première chaîne de télévision en ligne en Arabie Saoudite avec déjà une audience forte de près de 10 millions de personnes. C'est un réel impact puisqu'on observe dans ce pays un déclin de plus en plus prononcé de la télévision traditionnelle au profit de Uturn. On se trouve ici face à une entreprise qui a réellement cassé la mentalité traditionnelle de l'Arabie Saoudite, mais qui repose sur un business model lui permettant aussi de s'étendre aux marchés environnants, voire pour ceux qui parleraient arabes, au monde entier. On peut aussi penser à Anrami, qui serait le Spotify ou le Deezer de la région. En réalité, on peut même considérer que l'équipe d'Anrami est allée plus loin en proposant en 2G ou en 3G du streaming de musique, ceux-ci ayant même l'exclusivité sur la musique arabe. Dans une société où la pénétration des mobiles est très importante, Anrami a été une des premières entreprises à proposer des contenus intuitifs et pléthoriques sur mobile, ce qui a induit un réel changement dans les habitudes de consommation.
La vocation de ces startups est-elle justement plutôt globale ou plutôt mondiale?
Un peu des deux pour être honnêtes. D'un côté, on observe le développement de startups "me too" qui comme Anrami cherchent à faire pénétrer dans la région des systèmes qui existent déjà ailleurs mais pas en langue arabique. De l'autre, nous avons des startups à vocation réellement innovante au niveau mondial comme Presella qui est une plate-forme de crowdfunding permettant d'organiser directement des évènements. Si par exemple on souhaite organiser un concert sans connaître l'audience, Presella permet d'être sûr de la viabilité du projet, et même d'annuler et rembourser les participants s'il n'y a pas assez de monde.
Que diriez vous à de possibles investisseurs dans la région?
L'état du marché panarabe aujourd'hui me rappelle les États-Unis et la France au cours des années 1990. Non pas en termes de bulle mais en terme de marché encore sous développé, malgré un potentiel extrêmement prometteur. C'est selon moi une opportunité unique d'investir, investissement qui en plus s'avère intelligent dans le retour sur investissement que l'on peut avoir en termes d'impact dans une région qui a vraiment besoin de ce genre d'esprit. Que l'esprit entrepreneurial prenne la relève de l'image classique de la région. Il s'agit réellement d'un investissement d'impact social énorme.