Nous n’avons pas le temps de peser nos paroles
Qui trahissent notre destin tortueux
Trop de fruits sont tombés sur notre champ caillouteux
On y glisse
On y tombe
Le surplus nous dévore
Oui, les fleurs sont les mêmes
Et les champs demeurent labourés comme jadis
L’écume du ciel mange l’horizon gris
Et le vert de l’herbe me pénètre jusqu’au cœur
Quand j’oublie qui je suis
Tout est là
Rien ne bouge
Les agneaux paissent dans une blanche prairie
Que le brouillard lèche nuit et jour
Avec sa langue maternelle
Nous n’avons pas le temps d’ouvrir nos paupières
Sur tant de beauté surhumaine
Qui nous fuit
Plus de rire, plus de larmes, plus de chant
Le soleil est trop pâle et mon cœur est trop chaud
Pour la vie
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Paul Valet (1905-1987) – Paroles d’assaut (1968)