C'est ce que l'on appelle se prendre une claque.
Une sacrée claque...
Jusqu'au 20 décembre seulement, Mpumelelo Paul Grootboom, dramaturge et administrateur du South African State theatre, présente deux de ses créations, dont "Township Stories", chroniques post-apartheid "tarantinesques" montées en 2006, mettant en scène des habitants de Soweto sur fond de thriller oppressant, reflétant le quotidien éprouvant d'une population sans repère. Un festival de séquences "coups de poing", à la violence frôlant souvent l'insupportable, en dépit de l'humour distillé en guise de soupape tout au long du spectacle. C'est brillamment écrit, intelligemment monté, remarquablement joué. Et donc à ne pas manquer.
Deux heures trente durant, les destins d'une vingtaine de personnages s'entremêlent. Rapports de couple, amicaux, intergénérationnels, parents-enfants, place de la femme, et plus généralement de l'individu dans une société en vrac... Autant de thèmes traités au fil de scènes concises, percutantes, aux dialogues acérés, à l'esthétique forte, séduisante, contrastant efficacement et nécessairement avec ce qui nous est donné à voir. Au choix inceste, viols, meurtres, femmes battues, avortement maison... On en passe....
Multipliant parfois les rôles, douze comédiens investis s'emparent avec intensité de cette secouante partition, dont la force est décuplée par leur interprétation sincère, prenante et bouleversante. Mpumelelo Paul Grootboom dirige chacun avec une précision d'orfèvre, dessine des caractères complexes, attachant, terrifiants. Signe une oeuvre pour le moins singulière, au final (osons le terme) enthousiasmante.
Ames sensibles, s'abstenir.
Pour les autres, il conviendra de se précipiter à la Grande halle de la Villette.
TownShip Stories : jusqu'au 14 décembre.
Rhetorical : du 17 au 20 décembre.
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Photos : Rufin Coudyzer