Si un jour, vous voulez vous payer une petite tranche de rire, ou une bordée de facepalms, je vous encourage à aller lire les articles internet de l’Encyclopédie Larousse. Certains d’entre eux sont pour le moins comiques et méritent largement qu’on s’y attarde sur quelques lignes.
Il suffira par exemple d’aller voir l’article consacré au libéralisme pour y trouver une description du « néo-libéralisme » qui chatouille un peu. Ainsi, pour les rédacteurs, il semble que, je cite,
Le libéralisme demeure ainsi une coquille idéologique devenue pratiquement vide, plus que jamais opposée au socialisme, qui d’ailleurs tend à devenir aussi inconsistant et protéiforme que son ennemi. Aucun penseur depuis Keynes n’a tenté de proposer une nouvelle définition du libéralisme : le libéralisme est à la fois une référence polémique et un autre nom pour désigner le capitalisme réel triomphant.
Du reste, si l’on se contente de cet article pour y comprendre quelque chose, on en déduit que (accrochez-vous bien) Keynes était un libéral, qu’il a initié le « néo-libéralisme » basé sur une intervention de l’État ; que Mises, Hayek et Rueff sont devenus néo-libéraux (c’est à dire keynésiens) et favorables à l’intervention de l’État ; que ce néo-libéralisme va devenir la pensée ultime de la droite traditionnelle et de la gauche, parce que, semble-t-il, après la chute du fascisme et du communisme, le libéralisme classique a aussi échoué. Bien évidemment, toujours selon cet article, le libéralisme en tant qu’idée triomphe aussi bien en France qu’aux États-Unis, mais en tant qu’application, c’est vraiment la tristesse puisque la pauvreté augmente partout dans le monde. Enfin, la conclusion permet de dire que ce terme ne veut finalement plus rien dire, tout comme le socialisme, mais finalement si, cela veut dire « capitalisme triomphant ».
Ce pourrait être, à la réflexion, une petite bourde de l’Encyclopédie nationale reconnue et distribuée sous forme d’épais dictionnaires dans les cours de Français dispensés par une Éducation Nationale qui aura a cœur de ne pas sombrer dans la propagande. Après tout, rien n’interdit d’imaginer qu’un facétieux rédacteur chez la vénérable institution se soit laissé aller à introduire ses propres sueurs collectivistes dans un texte qu’on s’attendrait à être neutre, sur le mode, « Oups, j’ai dérapé » …
Que nenni. Si l’on regarde d’autres articles emblématiques, on comprend que le tableau général est du même tonneau : la présentation du Chili (notamment la période Allende puis Pinochet) par l’Encyclopédie fera rire toute personne qui se sera un minimum renseignée, par exemple en lisant ces deux articles (ici et là) de Contrepoints ; et si l’on m’objectera à raison que Contrepoints est un quotidien ouvertement libéral, je répondrais qu’au moins ne s’en cache-t-il pas, au contraire de Larousse qui fait ici dans le crypto-socialisme honteux …
… Quand elle ne raconte tout simplement pas des bêtises énormes. On découvre ainsi qu’à l’article sur Friedrich Von Hayek, l’économiste nobélisé aurait été un des principaux défenseurs des monétaristes. Après la perte d’une ou deux systoles, une relecture calme d’un article correct sur Hayek, dans Wikiberal par exemple, permet de comprendre que le principal défenseur des monétaristes est plutôt Friedman (le père, Milton, pas le fils).
Larousse nous propose donc ici de jolies tranches de n’importe quoi et de propagande.
De nos jours, en France, doit-on encore s’en étonner ?
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