Notre cerveau également producteur et régulateur d’œstrogène ? Cette découverte de l’Université de Wisconsin- Madison (UW) apporte un nouvel éclairage sur les changements hormonaux au cours de la vie. Les conclusions de ces travaux, publiées dans le Journal of Neuroscience montrent en effet que l’hypothalamus pourrait contrôler directement… la fonction de reproduction.
La plupart des estrogènes, tels que l’estradiol, qui contrôle le cycle menstruel, sont produits dans les ovaires. L’estradiol circule dans tout le corps, dont le cerveau et l’hypophyse, et influence la reproduction, le poids corporel, l’apprentissage et la mémoire. C’est pourquoi, à la ménopause, en cas de dysfonctionnement ou d’ovariectomie, de nombreuses fonctions peuvent être compromises. On connaissait donc déjà l’implication de l’hypothalamus dans la régulation du cycle menstruel et la reproduction, l’existence la présence d’œstrogène dans les neurones, mais la capacité du cerveau à produire et libérer l’œstrogène est une découverte.
Les chercheurs ont mené plusieurs expériences pour aboutir à cette découverte. La première, menée sur des singes rhésus, privés de leurs ovaires, montre qu’une injection d’estradiol dans l’hypothalamus stimule la libération de l’hormone de libération des gonadotrophines (GnRH : Gonadotropin Releasing Hormone) « , une hormone nécessaire à l’ensemble des « fonctions » sexuelles, du cycle menstruel à la reproduction. Une seconde expérience montre que la stimulation électrique de l’hypothalamus provoque la libération d’œstrogène et de GnRH. La 3ème expérience montre qu’en bloquant la synthèse d’œstrogènes, la libération de GnRH est également bloquée dans le cerveau. La synthèse locale de l’œstrogène dans le cerveau s’avère ainsi primordiale dans la régulation de la fonction de reproduction.
La découverte que le cerveau des primates peut produire l’œstrogène permet de mieux comprendre les changements hormonaux observés au cours de chaque période de la vie, de la période prénatale à la puberté, puis l’âge adulte, puis le vieillissement. Savoir que l’hypothalamus peut rapidement produire de grandes quantités d’estradiol et participer au contrôle des neurones libérant l’hormone « sexuelle » GnRH devrait avoir ainsi d’importantes implications pour le traitement des troubles liés au déséquilibre hormonal, explique Ei Terasawa, professeur de pédiatrie à l’UW et auteur principal de l’étude.
L’hypothalamus peut devenir une nouvelle cible de médicaments pour traiter les nombreuses maladies liées à des déséquilibres en œstrogènes, dont fait partie, entre autres, la maladie d’Alzheimer. C’est donc une toute nouvelle direction de recherche qui s’ouvre pour les maladies neuroendocrines.
Source: Journal of Neuroscience 4 December 2013, doi: 10.1523/JNEUROSCI.3878-13.2013 Neuroestradiol in the Hypothalamus Contributes to the Regulation of Gonadotropin Releasing Hormone Release