Un groupe de superhéros a envahi les principales institutions culturelles de la ville de Gotham, injectant des couleurs vives et des graphiques populaires dans les vénérables couloirs du Metropolitan Museum of Art, à New York.
Ne craignez rien, toutefois. Ils viennent en paix.
Superman, Batman, Wonder Woman et le héros de l'heure, Iron Man, ont été recrutés par le Costume Institute pour illustrer les univers parallèles qu'habitent les créatures fantastiques dotées de pouvoirs surnaturels et les dessinateurs de mode qui habillent le commun des mortels.
"Les superhéros traitent de questions corporelles, d'identité et de transformation, ils permettent de réaliser nos fantasmes et de se transformer en qui on veut et en ce qu'on veut, a expliqué le curateur du Costume Institute, Andrew Bolton. Toutes ces choses se retrouvent aussi au coeur de la mode."
L'exposition "Superheroes: Fashion and Fantasy" commence avec un examen de Superman, le premier superhéros moderne quand il est apparu en 1938. Il représentait le bien et le patriotisme à une époque où le public américain était aux prises avec la Grande Dépression et où il se préoccupait de la situation en Europe à l'aube de la Deuxième Guerre mondiale.
Grâce à un jeu de miroirs inventé au 19e siècle, Superman est présenté aux visiteurs du musée aussi bien sous les traits de Clark Kent (dans un costume datant des années 1950) que sous les traits de l'homme d'acier, dans le costume porté en 1978 au grand écran par Christopher Reeve.
Il y a aussi les antihéros des années 1970 et 1980, comme The Punisher et Ghost Rider. M. Bolton croit qu'ils sont des métaphores réussies pour les personnages déchirés et imparfaits qui hantent fréquemment le côté sombre du monde contemporain.
Si Superman est doté du corps graphique ultime, inspiré de celui des hommes forts du cirque, vêtu d'un costume d'acrobate et orné d'un "S" qui en est devenu un icône positif et l'exemple classique d'un "branding" réussi, le Punisher représente le corps postmoderne, avec ses crânes enflammés et autres éléments.
Cette allure a été reprise par des dessinateurs comme Alexander McQueen, Walter Van Beirendonck, John Galliano et Thierry Mugler, qui ont tous épousé les styles goth, grunge et motard. M. Bolton croit que la mode pourrait être due pour un nouveau séjour du côté sombre, d'où l'organisation de cette exposition. "Nous renouons maintenant avec une féminité agressive et la mode très sexuelle des années 1980", a-t-il dit.
Ceux qui cherchent une mode sexualisée n'auront qu'à visiter la section Catwoman de cette exposition. En plus du saisissant costume noir porté par Michelle Pfeiffer en 1992 dans "Batman Returns" (Le Retour de Batman), on retrouve des tenues de style "dominatrix" conçues par Mugler et Dolce & Gabbana.
Un des costumes les plus spectaculaires se retrouve aux côtés de mutants comme les X-Men: une robe multicolore dessinée par Mugler dont le haut, d'inspiration aviaire, se transforme en amphibien au niveau du corset, avant de culminer avec un bas ressemblant à une sirène.
Mais la mode contemporaine a surtout été influencée par Superman et Spider-Man. Dans les sections consacrées à chacun, on retrouve non seulement les costumes qui les ont rendus célèbres au cinéma, mais aussi des vêtements qui s'en inspirent. Pour Superman, il y a la robe Moschino avec son logo M et la cape rouge qui l'accompagne, pendant que de nombreux designers, comme Mugler, Galliano, Jean Paul Gaultier, Julien Macdonald et Giorgio Armani, ont élaboré des robes à motifs de toile d'araignée.
L'exposition "Superheroes" est présentée à New York jusqu'au 1er septembre.
Par Samantha Critchell
AP