Il y a un an et demi, je visitais un jardin oublié, une exposition dans le Parc de l’Hôtel de Ville. C’était une proposition de la Compagnie « Un soir ailleurs ». J’ai suivi la Compagnie dans ses cheminements. Sortant du jardin, assis sur un banc, j'ai regardé passer les gens, ceux qui flânent, ceux qui traversent, ceux qui écoutent, ceux qui chantent ; j'ai pris des rendez-vous avec la trille d’un oiseau, la course d’un écureuil, la hardiesse d’une pie ; fait attention au migrateur, reçu l’orange verte granuleuse, l’orange des Osages, saisi la couleur d’or du ginkgo biloba. Et nous nous sommes retrouvés à la Médiathèque pour une exposition où, une fois encore, nous sommes invités à nous asseoir, à prendre le temps. Car prendre le temps d’une promenade dans le parc, c’est écouter les paroles des femmes, des hommes, des enfants rencontrés là, c’est écouter les oiseaux qui racontent leurs voyages, leurs passages, leurs plumages, c’est se dire que dans un tas de feuilles, il n’en est pas deux pareilles et que chacune demande la même attention, qu’elle se décompose, qu’elle soit foulée aux pieds ou que, comme celle du platane, elle ne pourrisse pas. On regarde les dessins représentant les oiseaux, on lit les carnets laissés là à notre disposition, on partage avec un enfant les mêmes témoignages enregistrés et restitués dans les casques au milieu de l'odeur des feuilles. Le visage de l’enfant marque l’étonnement quand il entend la comparaison du parc avec un cœur. C’est un secret. Chuchoté. Ecoute.