C’est en 2006, à l’occasion des Rencontres de la Photographie d’Arles, que j’ai croisé pour la première fois les images d’Anders Petersen.
C’est au cloître St Trophime que je me suis prise cette claque. Claque de la profondeur, claque de la noirceur, beauté du grain. C’était la série « City Diary », dont une partie est visible en ce moment à la petite rétrospective de la BNF. (Petite par la taille, non par le contenu !)
Petersen est un photographe suédois, né en 1944, qui a commencé son apprentissage artistique par la peinture. Il débute sa carrière de photographe en Allemagne, à Hambourg fin des années 1960, avec la série aujourd’hui célèbre « Café Lehmitz ».
Pour parler des images de Petersen on dira qu’elles sont d’une beauté crue, noires, dures à première vue. Pourtant il est tout autre : il s’agit là plus d’une forme de documentaire contemporain, qui exhale l’intérêt porté à autrui, au groupe. Avec un vocabulaire photographique issu du snapshot (en toute conscience de l’anachronisme) il nous rend les contrastes de la vie à l’image. En entrant dans l’exposition, la première série des « City Diaries » est épinglée à même le mur. Impressions grand format sur papier à grain assez présent, on a vite l’idée de ressentir les grains de peau de ces corps qui se détachent dans toutes leurs ombres et lumières. Le flou côtoie l’extra net pris au flash et complètement « cramé ».
Vue de l’exposition à la BNF @ Adagp, Paris – Photo : O.S
Sur les murs de l’exposition on lit « Petersen est une présence ». Il est cité : [sa photographie est une] « une attaque précise et acérée » plutôt qu’un simple regard documentaire. (Roland Barthes aurait apprécié la citation…)
On continue de cheminer dans cet univers sombre, avec empathie mais sans compassion. Les séries s’enchaînent : « Close Distance » de 2002, sur papier glacé toujours épinglé au mur, « From back home » de 2009, en grands formats encadrés et montés bord à bord. Les tirages aux sels d’argent côtoient les tirages impression jet d’encre, dans un anachronisme des séries le plus total. Finalement on ne sait plus vraiment distinguer les époques et ça n’a aucune importance tant l’ensemble est cohérent.
Quoiqu’il arrive, on passera d’une image porno à la douceur d‘un mot d’amour gravé sur une vitre de train ; le chat grimpe sur l’évier ; des personnes âgées s’embrassent ; un bébé naît.
Il nous livre sa place de témoin privilégié : un pied dedans, un pied dehors.
J’aurais réussi à boucler ce court texte sans jamais y écrire le mot « intime », ce qui, pour de la photographie contemporaine, est plutôt une belle réussite. À votre tour d’y mettre un pied.
Olivia, photovore et web addict, doc 2.0, multimédia et art contemporain - en action au sein d'une institution parisienne
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Anders Petersen. Photographies – Bibliothèque Nationale de France, site Richelieu
Du 13 novembre 2013 au 02 février 2014
5, rue Vivienne, 75002 Paris, ouvert du mardi au samedi de 10h à 19 et le dimanche de 12h à 19h.
Co-porduction BNF / Galerie Vu’ – Dans le cadre de Paris Photo 2013
Anders Petersen a reçu le prix de Photographe de l’année en 2003 lors des Rencontres de la Photographie d’Arles.
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