Annoncé comme étant son « ultime album », 40-60 contient douze titres inédits et une reprise originale en version acoustique de Je te donne en duo avec Jean-Jacques Goldman. « 40 », c’est le nombre d’années que Michael Jones a passées en France depuis qu’il a débarqué en Normandie, la région natale de sa mère. « 60 », c’est plus prosaïquement son âge. Alors, pour célébrer dignement ces deux anniversaires, il a eu l’idée de les matérialiser par cet album. Il nous livre là un joli cadeau en guise de bouquet final.Evidemment – et on n’en attend pas moins de lui – cet album est placé sous le signe de la guitare. Je n’en veux pour preuve que l’introduction et les ponts de Son jardin secret, un premier titre qui donne le ton. C’est un album homogène, très agréable à écouter, alternant les jolies ballades et les titres plus musclés, en tout cas tous mélodieux.
Sur les treize titres qui le composent, il y en a une demi-douzaine qui a retenu mon attention :
- Pas signé pour ça (Goldman-Alfronsi/Jones)Très efficace avec sa couleur reggae. Le texte de Jean-Jacques Goldman est plein d’humour et de dérision. Il aurait pu l’interpréter lui-même tant il est à son image. Aux antipodes du star-system, il prône en effet la simplicité, la discrétion. La morale de cette chanson c’est que la seule valeur qui compte c’est l’amour, c’est le seul bien pour lequel il faut vraiment se battre.
- Keep On Rollin’ (Veneruso)Un des deux seuls titres que Michael Jones n’a pas composé… Superbe clin d’œil aux chansons américaines des Seventies. Elle sonne superbement bien, les guitares sont splendides. C’est un grand bol d’air frais, tonique et vivifiant. Et puis, magie suprême, le très (trop) rare Francis Cabrel vient mêler sa voix à celle de Michael. Magnifique !
- Changement d’ère (Kocourek/Jones-Darpaa/Jones)Chanson qui fait allusion aux parcours initiatiques. La rythmique, entêtante, avance tout le temps, nous pousse dans le dos comme sous la poussée irrésistible du vent (et du temps). On constate combien tout est éphémère et fragile. Il suffit d’un courant d’ère pour tout balayer…
- C’est déjà beaucoup (Kocourek/Jones-Jones)Une belle ode à l’amitié, qui rend hommage aux frères de sang comme aux frères de chant. Mais qui en souligne également la rareté. Beaucoup de qualitatif pour peu de quantitatif car certains signes de fraternité sont hélas faussés par l’appât du gain, la gloriole, l’égocentrisme. Très belle chanson pleine de recul et de sagesse.
- Un dernier verre (Forsans/Jones-Jones)« Un dernier verre pour la route » en guise de conclusion sur une jolie ambiance bluesy. Mais ce qui semblerait être une invitation conviviale est en réalité la relation d’une dépendance à l’alcool. L’alcool que l’on réclame pour avancer, pour se donner du courage. Le refuge artificiel, en fait. Avec ce sentiment amer, l’album se termine sur une note mélancolique… Ça ne fait rien, on trinque quand même ?