La gauche n’est plus subversive, contradictoire, exigeante, vecteur de confrontation avec les valeurs du monde. Elle se constitue aujourd’hui comme une morale, un dogme, une repression, une oppression inquisitoriale et dogmatique. Les dogmes, c’est elle ; la morale officielle, c’est elle ; la repression, c’est elle. Ce que disait déjà, en 1997, le penseur de gauche Jean Baudillard, notre méditation politique du jour.
« La vraie question devient alors : ne peut-on plus l’ « ouvrir » de quelque façon, proférer quoi que ce soit d’insolite, d’insolent, d’hétérodoxe ou de paradoxal sans être automatiquement d’extrême droite (ce qui est, il faut bien le dire, un hommage rendu à l’extrême droite) ? Pourquoi tout ce qui est moral, conforme et conformiste, et qui était traditionnellement à droite, est-il passé à gauche ?
Révision déchirante : alors que la droite incarnait les valeurs morales, et la gauche au contraire une certaine exigence historique et politique contradictoire, aujourd’hui, celle-ci, dépouillée de toute énergie politique, est devenue une pure juridiction morale, incarnation des valeurs universelles, championne du règne de la Vertu et tenancière des valeurs muséales du Bien et du Vrai. »
Jean Baudrillard – Libération, 1997
Dans le même thème :
-Patrick Buisson, La métaphysique d’état du socialisme
- Vivien Hoch, M. Peillon, que cache votre morale laïque ?, Causeur
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