Les chercheurs du Max-Planck Odense Center on the Biodemography of Aging ont comparé les modèles de reproduction et de mortalité de 11 mammifères, 12 autres vertébrés, 10 invertébrés, 12 plantes et une algue verte, pour tenter de mieux comprendre l’évolution du vieillissement. Bien que l’évolution implique inévitablement une augmentation de la mortalité et une baisse de la fertilité avec l’âge, les auteurs mettent en évidence des trajectoires très variées entre ces différentes espèces.
La durée de vie n’obéit à aucune règle : Sur la durée de vie d’abord, écrivent les chercheurs, aucune théorie n’a pu expliquer l’éventail large de durées allant de quelques jours chez la mouche à fruits par exemple, à des décennies chez les humains ou à des siècles pour l’Hydra, un tout petit animal marin de quelques cm.
Sur la mortalité, les chercheurs ont catalogué certaines espèces comme la mangrove et la tortue du désert dont le risque de décès diminue effectivement avec l’âge. Sur la fertilité également, les périodes de certaines espèces mettent également en cause les théories habituelles.
Le risque de décès n’augmente pas toujours avec le temps : La principale justification du vieillissement a toujours été que les créatures investissent dans la conservation de soi jusqu’à la reproduction, puis l’éducation de leur progéniture. Une fois la période de fécondité terminée, le corps peut commencer à se dégrader et c’est le début de la sénescence ou du vieillissement.
· Mais même pour les humains, la théorie n’est pas exacte, puisque les humains vivent encore très longtemps et de plus en plus, après leur période de fécondité. C’est seulement à un âge avancé que la mortalité reprend une croissance rapide. Ainsi chez les femmes japonaises centenaires, le taux de mortalité atteint 20 fois la durée de vie moyenne. Aucune autre espèce que l’homme ne suit une courbe de mortalité qui s’élève aussi fortement. Chez les autres mammifères, les taux de mortalité n’atteignent pas plus de cinq fois la moyenne de la durée de vie.
· Il existe aussi des espèces dont la mortalité reste constante tout au long de la vie, comme l’hydre ou le bernard-l’ermite. Leurs corps ne semblent pas dégénérer au fil de la vie et il y a comme une « absence de vieillissement ».
· Il existe enfin des espèces dont la probabilité de décès diminue avec le temps de vie, comme la gorgone rouge (corail), le chêne « netleaf » et la tortue du désert. Leur risque de décès n’est pas nul mais diminue avec le temps.
La période de fécondité n’a pas toujours d’âge : Alors que les femmes deviennent stériles après une première moitié de vie, le martinet alpin (oiseau) garde sa fécondité presque jusqu’à la fin de sa vie. Quant au babouin jaune, il élève sa progéniture tout au long de sa vie et quel que soit son âge.
Une durée de vie courte n’est pas forcément associée à un vieillissement accéléré : C’est parfois le contraire, révèlent les auteurs, comme avec le campagnol de toundra, un petit mammifère dont la mortalité n’augmente que modérément jusqu’à ce qu’il atteigne 2 fois sa durée de vie moyenne.
Tous les parcours de vie semblent dans la nature, explique le chercheur Owen Jones du Max Planck Institute et, pour commencer à comprendre, il s’agirait d’élargir les données à une sélection bien plus importante d’espèces, mammifères, oiseaux, autres vertébrés ou invertébrés mais aussi algues, champignons et bactéries.
Source: Nature 08 December 2013 doi:10.1038/nature12789 Diversity of ageing across the tree of life (Visuel@ © Lilya – Fotolia.com)