Il est rare que je procède ainsi mais je commencerai par parler de l’auteur. Mathieu Boutin est violoniste, juriste et a publié plusieurs livres jeunesse. La joie et la légèreté déboulant en actions farfelues est sans doute des vestiges du style s'adressant à un jeune public. Bon point, l’histoire n’aurait pas une telle crédibilité n’aurait été que l’auteur est lui-même violoniste. Avec assurance et expertise, il nous amène à connaître intimement le maniement et les caractéristiques de cet instrument. À partir de maintenant, je m’approcherais de tout violon avec curiosité et respect !
Boutin séduit avec son ton naturel qui approche les musiciens classiques comme des amis de longue date. Leur talent est un talent comme un autre et, surtout, il ne descend pas du ciel, il s’enrichit par un travail d’arrache-mains. Thèmes menés de concert, le travail et le talent ce qui fait que, subtilement, le message s’insinue que c’est bien beau la disposition naturelle nommée talent, mais le travail est la clé du succès. Bien difficile de rester sur le seuil, on entre et avance avec entrain vers l’univers de la musique classique, peut-être parce que l’auteur la débarrasse de sa pédanterie, en s’en moquant de bon coeur.
Nous entrons dans la vie d'un groupe de cinq musicien-nes qui donnent des prestations dans des partys de bureau, restos, fêtes, festivals pour gagner leur vie. Malgré le peu de défi amené par les symphonies faciles qu’on leur commande, ces complices arrivent à se faire du plaisir. L’action démarre au moment où Robert, un joueur permanent de l’orchestre symphonique croise un membre du groupe, David, qui vient faire réparer son unique et précieux violon. L’on pourrait quasiment traiter d’inadapté ce Robert dans la cinquantaine, tellement il a vécu sous la jupe de sa mère. D’ailleurs, cette mère Jasmine fut jadis une grande mélomane, mais aujourd'hui âgée et gâteuse, elle apportera des accents burlesques à l’histoire.
L’amour et la sexualité tirent plusieurs ficelles de ces couples formés, sans être nécessairement confirmés. Au niveau de la sexualité, il n’y a pas de doute, l’auteur ne s’adresse plus à la prime jeunesse.
Le ton bon enfant poussé sur une note aigüe peut parfois donner des scènes vaudevillesques, je pense à celle entre le fils, la mère Jasmine et les policiers. Ça pourra peut-être énerver certains allergiques à l’incongruité.
Somme toute, un roman léger abordant de la musique qui se prend au sérieux. La bonne nouvelle ? Vous pouvez laisser la couverture vous faire de l’œil, vous passerez un bon moment.