Henri : la (petite) poésie de Yolande Moreau

Par Unionstreet

Henri, la cinquantaine, d’origine italienne, tient avec sa femme Rita un petit restaurant près de Charleroi, « La Cantina ». Une fois les clients partis, Henri retrouve ses copains, Bibi et René, des piliers de comptoirs ; ensemble ils tuent le temps devant quelques bières en partageant leur passion commune, les pigeons voyageurs.

J’attendais Henri avec une impatiente toute particulière. La sensibilité de Yolande Moreau était hautement demandée dans ce monde de brutes. Je ne retenais presque que sa composition de mère dans Camille Redouble. Ses rôles dans Mammuth, Louise-Michel, Séraphine et Quand la mer monte l’ont imposé comme l’une des meilleures actrices francophones qui a eu la chance d’être reconnue comme telle par le métier (elle a gagné deux César de la meilleur actrice). Son deuxième film en tant que réalisatrice a été présenté en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs 2013. Et moi, j’attends impatiemment depuis Cannes donc.

Yolande Moreau a toujours aimé les bistrots. Il n’est pas étonnant de trouver dans Henri ce côté terroir, France profonde qui va merveilleusement bien à son univers. Le début est prometteur. Un couple tient un bistrot dans une relation qui ressemble à « trop belle pour toi« , une relation froide comme la mort et silencieuse. Mais subitement, la femme décède. Et quel dommage. On aurait voulu voir Lio plus longtemps (oui, j’ai écrit ce que vous venez de lire). Le décor est planté (ce bistrot donc) mais le personnage d’Henri aurait peut être eu plus de consistance si sa relation avec son ex-femme avait été plus étalée. Mais tant pis et de toute façon, la mort de sa femme ne semble pas être un drame dans son existence. Seul problème, il faut trouver une serveuse pour l’aider. Il décide de faire appel à une jeune handicapée, un « papillon de nuit« . C’est donc ce duo qui succède à celui de Quand la mer monte.

La première partie est extrêmement décevante. Les bonnes idées nagent dans un vide profond. Les pigeons voyageurs fidèles qui s’envolent au loin et reviennent toujours auprès de leur femelle, cette jeune handicapée qui attend l’amour plus que tout et qui s’arrête devant les gens qui s’embrassent … Les bonnes idées sont là mais malheureusement, on s’ennuie bien vite dans la partie rurale du film. Les amis d’Henri sont bien trop grivois, la présence de Yolande Moreau devant la caméra manque réellement … Comme si son univers ne pouvait exister à l’écran qu’à l’unique condition de sa présence.

Mais la deuxième partie s’améliore (avant un final un peu facile) et propose de jolies scènes. La mer inspire la réalisatrice qui propose de jolies scènes, drôles et parfois touchantes. Le film est bien en deçà du premier film de la réalisatrice qui a déjà neuf ans, mais il a le mérite de m’avoir fait mieux découvrir le talent de Miss Ming. Un film qui souffre du syndrome Handicap + Titre prénom = joli mais ennui. Rappelez vous cette année de Gabrielle

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