USA. 1929. Spéculation, crise. Le système financier est démantelé, l’Etat
vole au secours de l’indigent. 2007. Spéculation, crise. L’Etat vole au secours
du système financier. L’indigent est condamné. Pourquoi ? Enquête sur un paradoxe. Un livre de Frank Thomas, Vintage Books, 2012.
La droite a pris l'initiative, avec un toupet extraordinaire. Elle a détourné la crise. Elle en a fait la justification de son idéologie. Et elle a fait siennes les doctrines
et tactiques du Marxisme. Mot à mot. Elle a remplacé « prolétaire »
par « riche ». Depuis toujours, le riche est la victime de l’injustice. (Détail curieux. Glenn Beck, pasionaria du mouvement, s'est inspiré de la Guerre des Mondes d’Orson Welles. Il a remplacé les Martiens par les socialistes. Emmenés par Obama, ils s’emparent de l’Amérique. Ils vont la réduire en esclavage…) Le
marché est l’expression ultime de la démocratie et de la liberté. L’homme y
vote avec son argent. Par la grève générale, et sa dictature, le riche installera le bonheur sur terre. La croyance est si forte qu’elle est imperméable au
spectacle de la réalité. Par exemple, si vous observez que le système
financier a connu une crise, on vous traitera de gauchiste. D'ailleurs, l'histoire est réécrite. L’aveuglement n’est pas réservé au peuple. Les économistes,
par exemple, ont, eux aussi, réécrit leur discipline afin qu’elle justifie le rêve
collectif.
Quant à la gauche, elle n'a pas réagi. Car elle est dirigée par de riches
intellectuels. Des êtres curieusement froids. Tout le portrait de Barack Obama. Pour eux, c’est pour ne pas avoir
fait d’étude que le pauvre est pauvre. Stupidité ou paresse ? Ils sont
coupés des racines populaires du mouvement. En particulier des syndicats. Et
ils pensent que l’inéluctabilité du marché et du système financier est une
question de simple raison.
Étonnantes similarités avec les militants communistes d'avant guerre, remarque le livre. Ce que l'Amérique a connu, c'est un moment mystique. Elle s'est couverte de dévots. Et, pour maintenir vivant leur rêve, ils combattent avec l'acharnement du désespoir .